C’est dans le Stade du 26 Mars vide au 2/3 et clairsemé au 1/3 que le président du Conseil national de transition, Malick Diaw, a lu son discours, ce 8 juin 2023. Les signes avant-coureurs du fiasco de ce meeting pour soutenir le projet de nouvelle Constitution crevaient déjà les yeux au regard des préparatifs par le Conseil national de la société civile malienne dirigé par monsieur Boureima Allaye Touré. Que s’est-il donc passé entre-temps pour perdre ainsi le pari de la mobilisation de cet événement d’une grande importance ? En tout cas, les fruits n’ont pas tenu les promesses des fleurs !
Le président de la transition, Assimi Goïta, a engagé le Mali dans la révision de la Constitution du 25 février 1992. Pour bénéficier de l’adhésion de tous les Maliens, sûrement dans un souci d’inclusivité, des meetings ont été organisés partout. Ce, pour une meilleure appropriation du contenu du document. Les Maliens ne sont pas restés en marge. Ils sont massivement sortis pour voter le projet un dimanche 18 juin 2023 par le vote référendaire. Ce qui a permis au président Assimi de doter le pays d’un nouveau document de référence dans la 4ème République. Il a réussi là où ses prédécesseurs ont lamentablement échoué, des frondeurs ne leur ayant pas donné l’occasion.
Mais avant toutes choses, pour les besoins de la cause, le 8 juin 2023, le gouvernement a décidé de passer à une démonstration de force. Au regard des moyens déployés, l’on pouvait dire, sans risque de se tromper, que les plus hautes autorités de la transition tenaient à cœur ce projet. De sources bien introduites, elles auraient débloqué des millions de FCFA desquels une centaine aurait été mise à la disposition du Conseil national de la société civile. Objectif : mobiliser les Maliens de tous bords pour la cause de la nouvelle Constitution. Le hic est que le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens, mais le meeting du 8 juin au Stade du 26 Mars a été l’un des meetings les plus médiocres de l’histoire des meetings au Mali. Il n’y avait que les ministres du gouvernement et quelques badauds qu’on aurait ramassés à tours de bras. Résultat : le président du Conseil national de transition, Malick Diaw, a donné la lecture de son discours dans le Stade presque vide !
Aux lendemains de ce maigre meeting, un membre d’une importante association a confié : « J’ai appris comme ça que le meeting aura lieu. Et ce n’est que le jeudi matin qu’on m’a appelé pour me demander de mobiliser les militants de notre association en me demandant de louer un véhicule (Sotrama). Je ne pouvais le faire dans la précipitation. Et sans aucun moyen ! ». Même son de cloche chez beaucoup d’activistes et autres animateurs de réseaux sociaux. Tous crient à l’exclusion.
Exclusion ! Le mot est lâché. L’on peut dire que c’est l’ennemi de tout rassemblement. Comme le poisson pourrit par la tête, et que lorsqu’on parle du serpent, c’est sa tête, cet échec du meeting est purement et simplement celui du puissantissime président du Conseil de la société civile, Boueima Allaye Touré. Il excelle par sa longévité à la tête de la boîte dédiée à la société civile. Est-il pardonnable pour un président qui a 19 ans à la tête de la société civile d’essuyer un tel fiasco ? Il devrait avoir l’expérience nécessaire en la matière vu les années passées au sommet de la société civile. Les 100 millions ont-ils été employés à bon escient ? C’est du moins la question qui taraude les esprits des Maliens. Or, rencontrant l’ancien président de la transition, Bah N’Daw, le 7 mai 2021, monsieur Touré a exprimé la nécessité d’un dialogue inclusif entre les Maliens. Mais dans l’organisation du meeting du 8 juin 2023, l’inclusivité a attendu.
L’on se rappelle, au soir du 8 juin 2023, les détracteurs de la transition n’ont pas eu pitié car elle venait de prêter le flanc. Des images des tribunes vides ont fait le tour de la toile. D’aucuns ont même parlé de « meeting de la honte, d’amateurisme et d’improvisation ». Comme l’on ne peut, en aucune manière, séparer la chèvre de sa peau, le premier responsable du Conseil national de la société civile malienne ne fera qu’endosser la responsabilité de cet échec.
Faut-il le rappeler, Boueima Allaye Touré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne s’est jamais opposé aux différentes prorogations de mandat des députés sous le président feu Ibrahim Boubacar Keita. Pour le maintien de ce dernier, il a déployé toute son énergie dans la balance. Comme par la force des choses et le côté divin du pouvoir, le treillis s’est imposé pour la transition un certain 18 août 2020 sous une fine pluie. Un meeting échoué de cette même transition éclabousse monsieur Touré !
Malgré ce travail bâclé, le président du Conseil national de la société civile malienne figure sur la liste des membres du Comité de pilotage du dialogue inter-malien. Mais il l’est sous le nom Ibrahima ! Erreur ou fourberie ? Bien malin qui peut le dire. Il ne faut pas se voiler la face. Sous la gouvernance des militaires, le Mali est engagé dans la lutte contre la corruption. Mais depuis la tenue de ce meeting raté pour l’organisation duquel les moyens de l’Etat ont été utilisés, personne n’est inquiété jusqu’à présent. De plein pied dans la guerre contre corruption et la malversation financière, toutes les zones d’ombre devraient être éclairées dans cette affaire dite des 100 millions comme fonds de mobilisation. Mahmoud Dicko n’avait-il pas raison de qualifier la société civile malienne « d’inexistante » ?
Dans le besoin de recouper cette information, nous avons tenté de joindre le président du Conseil de la société civile le samedi 3 février 2024 par appel direct et par message écrit. Comme il n’a pas daigné répondre à notre sollicitation, nous lui avons envoyé un dernier message le vendredi 1er mars 2024. Toutes nos tentatives sont restées vaines car monsieur Boureima Allaye Touré a appliqué la politique du silence radio.
Dieu veille !
Bazoumana KANE
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