Etats généraux de l’entretien routier : Était-il nécessaire de les tenir tant le problème est connu de tous et que les solutions crèvent les yeux?

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Durant trois jours, du 14 au 16 septembre 2023, le Ministère en charge des transports a réuni, dit-il, les acteurs du secteur au nombre d’une centaine pour trouver une réponse à l’épineux problème de l’entretien des routes. Au sortir de ces assises, une cinquantaine de recommandations ont été formulées. Etait-il nécessaire de tenir de telles assisses tant le problème est connu et que les solutions sont visibles ?

La route tue et tue au Mali, l’état des routes est piteux, les services chargés d’entretenir ces routes ne font que des réparations qui ne résistent pas au temps. Ceci étant, pourquoi réunir une centaine de personnes pour réfléchir sur les meilleurs moyens pour entretenir un parc routier vieux de plus de 20 ans dans la plupart des cas. Le coût de cette rencontre de trois jours ne pouvait-il pas servir d’entretenir certaines des routes, ne serait-ce que dans le district de Bamako?

En effet, les états généraux sur l’entretien routier, premier du genre, se sont tenus sous le thème “Entretien routier : enjeux, défis et perspectives”. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le Premier ministre. Quant à la cérémonie de clôture, quant à elle, a été présidée par le Ministre des Transports.

Ce qu’a affirmé Dr Choguel Kokalla Maïga

Pour le Premier ministre, habitué aux grands discours, il a affirmé  dès l’ouverture des assises : « J’engage le gouvernement à mettre en place un dispositif de suivi de la mise en œuvre des recommandations pertinentes et des propositions concrètes qui seront issues de ces assises ».

Comme s’il savait que les recommandations allaient être pertinentes et les propositions concrètes, il a remercié le ministère des Transports pour avoir invité les anciens chefs de département en charge des routes. Espérons que ceux-ci ne vont pas être payés en qualité de prestataires.

Des recommandations dont la mise en œuvre laisse perplexe

Une cinquantaine de recommandations ont été formulées par les participants. Parmi elles, on peut noter le renforcement des capacités des agents de la Direction générale des routes, de l’AGEROUTE. Au regard de cette recommandation, faudrait-il déduire que ces agents n’avaient pas les compétences nécessaires? En tout cas, il y a fort à parier si l’on remarque que les routes réparées ne durent qu’un petit temps.

Une autre recommandation est de séparer la fonction de réparation de celle du suivi: est-ce à dire que les mêmes, qui réparent, sont ceux qui assurent le suivi-évaluation des travaux? A ce rythme, connaissant la mentalité des maliens, surtout du public, la qualité et la quantité des matériaux nécessaires pour l’entretien des routes ne pourront jamais être respectées.

Renforcer les capacités des collectivités territoriales afin qu’elles puissent s’occuper de l’entretien constitue une autre recommandation. Celle-ci ne pourra pas avoir des impacts positifs à ce jour si l’on sait que ces collectivités se plaignent toujours du manque de ressources financières à leur niveau. Elles se battent depuis toujours pour un transfert de ressources à leur niveau.

Dans une interview accordée le dimanche 17 septembre 2023 au journal radio de l’Ortm, le Dg adjoint des Routes estime qu’il faut 120 milliards de FCFA pour réaliser ces recommandations. En attendant,  les usagers prendront leur mal en patience. Et pour combien de temps?

Il est important de souligner que le réseau routier du Mali est embryonnaire. En 1960, le réseau routier était d’environ 4 000 km dont 370 km de routes bitumées et 3 630 km de pistes en mauvais état. Pour couvrir l’ensemble du territoire national d’un réseau d’infrastructures modernes de transports, plusieurs plans et politiques de développement ont été adoptés. Le plus en vue est la Déclaration de politique générale adoptée en novembre 1993.

Cyrille Coulibaly

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