Edito : Le plus tôt serait le mieux

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La situation socio-politique voire sécuritaire du Mali se détériore considérablement sans que cela n’émeut, ni ne préoccupe guère véritablement les autorités de la transition. La preuve de cette indifférence a été donnée par le Président de la transition qui n’a laissé nullement entrevoir aucune perspective indiquant la fin de la transition avec le retour à l’ordre constitutionnel qu’il a souverainement promis à son peuple et à la communauté internationale. L’adresse à la nation du Président de la transition, le  colonel Assimi Goita, à l’occasion du nouvel an a laissé plus d’un malien pantois sur la suite du processus de sortie de cette situation exceptionnelle qu’est la transition. Ni proposition de date pour la tenue des élections encore moins la fixation du délai pour la fin de la transition n’ont été faits par le colonel Goita. La question qui est sur toutes les lèvres est celle de savoir si les autorités sont conscientes des risques de ce statut quo. Si d’ores et déjà elles mesuraient les conséquences d’une autre prolongation, elles allaient se précipiter pour  mettre la forme et sortir de cette chaotique situation dans laquelle se trouve le Mali. Maintenir le Mali dans ce bourbier c’est courir trois  risques majeurs :

Le premier risque pourrait être des nouvelles sanctions, qu’elles soient financières, économiques ou diplomatiques. Ces sanctions pourraient venir des organisations sous régionales, comme la CEDEAO, l’UEMOA, ou régionales comme l’UA et même  internationales comme l’ONU, ce qui aggraverait la crise sociale et agacerait davantage le peuple qui en aura assez. Pour rappel, le Mali souffre déjà d’un embargo financier. Sa signature n’est plus très crédible sur les marchés financiers de la sous-région pour contracter de prêts et pire encore s’il a quelques broutilles financières c’est à un taux très élevé. Avec sa brouille diplomatique toutes les aides sont presqu’ajournées et les investissements gelés jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel.  La crise financière à laquelle le pays est confronté a engendré une crise énergétique sans précédent et une crise socioéconomique sans commune mesure de l’indépendance à aujourd’hui.

Le deuxième risque majeur pourrait être la faillite de l’économie. Déjà agonisante avec la crise financière, l’économie malienne a beau être résiliente finira par s’effondrer sous le coup non seulement du poids de la dette, mais aussi et surtout à cause du manque d’investissement et surtout la réduction drastique du cadre de son épanouissement. Un adage affirme que quand l’économie marche dans un pays tout marchera et au Mali c’est plutôt  le contraire que l’on voit. En effet, l’effondrement de l’économie exacerbera, à coup sûr, la tension sociale et aura comme corollaire la révolte de la population, qui, par instinct de survie est capable d’insurrection contre l’ordre établi. Les autorités doivent alors parer au plus pressé pour éviter que le pays ne sombre dans une autre crise sociopolitique qui maintiendra aussi longtemps le pays dans une instabilité chronique. Une autre crise majeure aura des conséquences sur le Mali en général et sur les autorités en particulier qui perdront non seulement la popularité, mais aussi et surtout l’estime que le peuple avait à leur endroit. Donc le respect du délai promis souverainement au peuple et à la communauté internationale est gage de stabilité  du pays et de crédibilité des autorités.

Le troisième risque majeur du non-respect des engagements et surtout du chronogramme   est sans nul doute la désobéissance politico-civile. Il y a fort à parier  que la classe politique et la société civile désavoueront les autorités de la transition  à l’expiration du délai imparti pour le retour à l’ordre constitutionnel. Elles pourraient avancer comme raisons le non-respect des engagements ce qui entrainerait une violation de la charte et de la Constitution et rendrait illégales, voire illégitimes  les autorités actuelles. Le pouvoir utilisera-t-il la méthode forte pour réprimer toute contestation ? La réponse est probablement oui, sauf que cette façon de faire sera contreproductive car elle risque de susciter une véritable levée de bois vert du peuple qui, privé du minimum vital, n’aura d’autre choix que de se rebeller contre le régime transitoire. Donc le plutôt serait le mieux pour éviter le chaos dans le pays.

Youssouf Sissoko

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