Droit dans ses rangers, Ibrahim Traoré n’est pas à une contradiction près

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Dans une interview diffusée sur les réseaux sociaux, le président de la transition du Burkina Faso a déroulé ses éléments de langage habituels, et promis des surprises.

Ibrahim Traoré n’écoute plus Radio France internationale (RFI) mais parle encore aux anciennes stars émancipées de la radio. Dans un entretien enregistré le 30 janvier, le président de la transition burkinabè a répondu aux questions d’Alain Foka, juste après l’annonce de la décision du Mali, du Burkina Faso et du Niger de quitter « sans délai » la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Si les morphopsychologues en herbe évoquent une prise d’épaisseur corporelle, les chantres de la communication non verbale décriraient sans doute un capitaine surtout plein d’assurance. Comme un héros de bande dessinée à la tenue immuable, le « personnage » IB arbore un look sous contrôle, du béret sankariste aux mitaines molletonnées.

La posture semble plus assurée qu’à sa prise de fonction et le sourire plus facile, y compris lorsque sont évoqués les risques physiques que lui font courir sa position. Confiance en son système de sécurité personnel, sans doute, et plaisir manifeste d’être une fois de plus comparé à Thomas Sankara

Méthode Coué

Les positions politiques sont singulièrement tranchées, comme dans la phrase « plus jamais la Cedeao ; non, c’est fini ». Une affirmation bien définitive pour le représentant d’un régime présumé « transitoire ». Quant aux arguments, ils ont la simplicité du « c’est celui qui dit qui l’est », notamment quand le chef de l’État affirme qu’il y a « beaucoup de putschistes » parmi les membres résiduels de la Cedeao. Lapidaire, il n’éclairera pas sa pensée sur ce point, laissant supposer une allusion aux « coups d’État institutionnels ».

Ibrahim Traoré semble serein, jusque dans les apparentes contradictions soulignées par une interview pourtant peu pimentée. Le président burkinabè affirme qu’il n’y a pas de « portion du territoire où nous ne pouvons pas partir », avant de regretter qu’il n’y ait pas le « minimum de sécurité pour que, s’il y a campagne [électorale], les gens puissent aller partout au Burkina ».

Il semble nier l’augmentation des attaques terroristes qu’évoque le journaliste, en rétorquant « Vous êtes sûrs ? », avant d’expliquer que l’offensive inédite des forces de défense a effectivement eu pour conséquence que les « cellules dormantes se réveillent d’un coup ».

Après avoir souhaité, à sa prise de pouvoir, accélérer le processus qui conduirait à des élections à la mi-2024, il répond désormais que « c’est le peuple qui décide » – hors scrutin, à l’entendre. Invitant Alain Foka à valider cette position, il se refuse à, « dans six mois […], abandonner le peuple »

Sankara 2.0

Transpirant la confiance en soi qu’implique le volontarisme révolutionnaire, le capitaine Ibrahim Traoré a donc enfoncé un clou déjà martelé depuis seize mois. Pas de surprise, mais l’annonce de surprises à venir.

Sur les accords internationaux dénoncés, il prévient avec un plaisir mal dissimulé : « La révolution sur ce volet n’a pas commencé d’abord. » Rendant grâce à Dieu, IB affirme aussi ne pas connaître la peur. Engagé dans le sillon sankariste, il semble même convaincu d’être une version plus aboutie de Thomas Sankara. Celui qui baptisa le « pays des hommes intègres » a « peut-être […] fait des erreurs » que lui n’entend plus commettre.

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