Chantage sexuel : «Kocc Barma» frappe, son complice tombe

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L’administrateur de Seneporno continue de faire des victimes. La preuve par cette rocambolesque histoire de diffusion d’images intimes et d’extorsion de fonds.

Adama F. serait-il un élément central du dispositif du si mystérieux et tant redouté «Kocc Barma», l’administrateur de Seneporno, le site internet devenu tour à tour, notamment, «Babiporno», «Antaporno» et «Astouporno» chaque fois que son nom de domaine a été bloqué ? Tout porte à le croire si l’on se fie aux récits de Ousseynou Kaïré, Aïcha Ba, Astou Guèye et Adji Binta Guèye, qui ont porté plainte à la Division spéciale de cybersécurité (DSC) après avoir découvert leurs images intimes sur la plateforme pour adultes.

Principal suspect de cette affaire, Adama F. a été arrêté puis déféré au parquet mercredi 30 août dernier. Ce commerçant de 29 ans est poursuivi pour usurpation d’identité numérique, collecte illicite et diffusion de données à caractère personnel, extorsion de fonds et tentative d’extorsion de fonds et/ou complicité.

Dans leurs plaintes, les plaignants (sauf Astou Guèye) ont déclaré que lorsqu’ils ont contacté Kocc Barma, pour obtenir la suppression des contenus compromettants, ce dernier a demandé à chacun d’entre eux de payer 300 euros (environ 200 000 francs CFA). L’argent devait être déposé sur un compte Wave relié à un même numéro.

Fortunes diverses

Ousseynou Kaïré a accepté de passer à la caisse. Conséquence immédiate : la vidéo où il se livre au plaisir solidaire disparaît du site pour adultes. Ce plaignant a confié avoir été piégé par un homme qui, via un compte Facebook, se faisait passer pour une femme. Il a précisé que ce dernier l’a filmé à son insu lors d’un appel vidéo érotique.

Aïcha Ba n’a pas connu la même fortune. Ses vidéos intimes sont restées sur Seneporno bien qu’elle ait accepté, par l’intermédiaire de Adama F., de payer 70 000 francs CFA à Kocc Barma, qui avait accepté de revoir à la baisse le montant qu’il lui réclamait initialement (environ 200 000 F CFA).

Adji Binta Guèye s’est plainte, elle, qu’une vidéo où elle était en nuisette se soit retrouvée en même temps sur Facebook, dans un groupe WhatsApp à la dénomination olé olé, et sur Seneporno. Son mari dut payer 200 000 F CFA à Kocc Barma, par Wave, afin que l’élément compromettant soit supprimé de la plateforme.

Astou Guèye, de son côté, n’a manifestement entrepris aucune démarche vers Kocc Barma pour obtenir la suppression d’un montage de ses photos avec la vidéo d’une femme s’adonnant au plaisir solitaire. Elle a juste porté plainte à la DSC.

L’exploitation des opérations sur le compte Wave où les victimes devaient déposer les montants destinés à Kocc Barma, a permis aux enquêteurs de découvrir trois choses. Premièrement, les fonds en question étaient, après dépôt, répartis entre des comptes reliés à sept numéros. Deuxièmement : ceux-ci, sauf celui attribué à la nommée Khadidiatou C., étaient identifiés au nom de Sadi T. Et troisièmement : les comptes Wave ayant servi aux transactions douteuses ont été ouverts avec le même appareil téléphonique, celui de Adama F.

Pièces d’identité, Sim, arsenal informatique

Ce dernier a d’abord refusé de répondre à la convocation de la DSC avant d’accepter finalement de se présenter à son siège. Face aux enquêteurs, il a tenté de laver à grande eau. Attribuant les numéros de téléphone incriminés à une tierce personne qui se serait présentée à plusieurs reprises à son commerce pour lui acheter les cartes Sim correspondantes. Son rôle, a-t-il juré, s’étant limité à relier, au moyen de son propre téléphone, lesdits numéros à des comptes Wave.

Pourtant, les enquêteurs ont trouvé sur lui les Sim en question. En plus, il avait également par devers lui une carte d’électeur ainsi que cinq cartes nationales d’identité dont deux qui ont servi pour le déplafonnement des comptes Wave ayant reçu les fonds extorqués.

D’après nos informations, Adama F. a nié toute implication dans quelque opération délictuelle que ce soit, mais il n’a pu opposer des explications convaincantes. D’autant qu’il refusera de laisser la police technique exploiter son téléphone portable. Son alibi : il aurait oublié le mot de passe alors que quelques heures avant son arrestation, soufflent nos sources, il avait utilisé l’appareil en question.

Adama F. a été déféré au parquet. La DSC a saisi sur lui un lecteur CD, cinq ordinateurs, autant de téléphones portables, quatre clés USB et une moto Jakarta.

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