Célébration du 141ème anniversaire de la résistance de Daban : Nyaman Traoré exhorte le gouvernement à immortaliser Naba Traoré et à intégrer l’histoire de la résistance de Daban dans le programme scolaire et à en faire un site touristique

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Le mardi 16 janvier 2024, l’espace culturel Kandioura Coulibaly (ex-Kora film) a abrité la cérémonie de célébration du 141ème anniversaire de la résistance de Daban.

 16 janvier 1883-16 janvier 2024, il y a cent quarante et un (141) ans, jour pour jour que tombait Daban (commune située dans le cercle de Kolokani, région de Koulikoro) suite à une vaillante résistance face aux troupes coloniales. L’événement était au centre d’une conférence débat organisée par le mouvement politique Faso Kanou, en synergie avec l’Association des ressortissants de Daban à Bamako et l’association Obara, terme soninké signifiant «non à la servitude sous toutes ses formes».

Principalement animée par Nyama Badian Traoré, qui s’est fait aider par le commissaire principal de Faso Kanou, Ibrahima Kébé et Djibril Touré, président de la coordination régionale de l’association Obara de Kita, la conférence avait pour objectif de porter à la connaissance de l’opinion nationale la résistance historique méconnue que Daban a livrée contre les troupes coloniales.

Revenant sur la genèse de cette résistance, le conférencier a soutenu qu’après l’installation des gouverneurs en 1880, qu’une mission conduite par le capitaine Gallieni, composée de soldats, d’interprètes et de mulets lourdement chargés, devait se rendre à Ségou, où régnait Ahmadou Tall. La délégation dira-t-il, passa par Dio (localité située à 30 km de Bamako) pour rejoindre le Bélédougou qui, selon ses dires comprend les localités de Kati, Kolokani, Banamba, Nara, etc. Il indiqua que le chef de village de Dio Naballa Diarra, au vu de la délégation, informa son homologue de Daban, Naba Traoré, qu’une colonne armée accompagnée de mulets lourdement chargés de vivres se dirigea vers Daban. Celui-ci, aux dires du conférencier, ordonna à ses guerriers dont les plus vaillants étaient Blonko, Tiekoura et Mamari d’attaquer la colonne et de le ramener leurs biens qu’il se fera le plaisir de vendre pour prix de bière.

Poursuivant ses propos, il indiqua que ceux-ci exécutèrent l’ordre et attaquèrent le cortège le 11 mai 1880 à Dio. Et de dire comme bilan de cette attaque: quarante et un (14) militaires de la troupe coloniale misent à mort, un canon et quatorze (14) pistolets saisis.

«C’est dans ce contexte que Gallieni arriva à Bamako les mains vides et ne doit son salut qu’à un commerçant maure du nom de Karamoko Blen qui le pris en charge», a-t- il souligné. Pire, martela-t-il, qu’une mission de Blancs dépêchée pour la récupération des biens confisqués à Daban a été sérieusement malmenée. Le premier émissaire affirma Nyama Traoré, fut tué sur le fétiche du village, le deuxième non circoncis a été contraint de rejoindre la bande des gamins comme berger et le troisième fut utilisé comme serviteur du chef du village.

Aussi a-t-il indiqué que c’est dans ce contexte que Borgnis Desbordes et sa troupe victorieuse de Goumango en 1881, arriva à Daban en janvier 1883. Avant d’affirmer que Daban au terme de trois (03) jours de luttes épiques après 204 coups de canon tirés, des pistolets et des jumelles utilisées contre ceux qui n’avaient que des fusils de chasse, tomba entre les mains de la troupe coloniale, le mardi 16 janvier 1883. Et que son chef Naba Traoré, ses principaux chefs de guerre, en plus de sa femme, se sont fait sauter dans la poudrière. Pour contrôler la véracité de ses propos, il a invité l’assistance à lire les ouvrages Les pionniers du Soudan de Jean Meunier, Les grandes dates du Mali d’Alpha Oumar Konaré et le registre de visite du fort de Médine qui évoquent tous la résistance de Daban.

Interpellant les autorités en charge de la nation, M. Nyama Traoré a exhorté celle-ci à perpétuer la mémoire de Naba Traoré en donnant son nom à une infrastructure, à intégrer l’histoire de la résistance de Daban dans le programme scolaire et à faire de Daban, qui abrite à la fois le cimetière des colons et des martyrs de la résistance, un site touristique par excellence.

Le saviez-vous ?

Le village de Daban, situé dans le cercle de Kolokani, région de Koulikoro, a été fondé par un donzo qui s’appelait Anglè Traoré. Celui-ci, au cours d’une partie de chasse, découvra un gros espace ‘‘Daba’’ et s’établit là-bas d’où le nom de Daba qui deviendra par la suite Daban. Daban dont la chefferie du village est assurée par Anglè Traoré, compte environ 17.856 âmes.

Alpha Sidiki SANGARÉ

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