Billet : CEDEAO, on dit quoi ?

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Au lendemain de l’action des forces de défense et de sécurité qui ont décidé de mettre fin à l’ordre ancien au Niger, réunis à la va-vite à Abuja au Nigéria, quelques Chefs d’Etat des pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont précipités pour feuilleter dans un tour de passe-passe les textes de l’institution.

Pour ces quelques Chefs d’Etat, fâchés et courroucés, l’objectif de cette fouille était de trouver des dispositions pour punir d’abord le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) qui a eu « l’outrecuidance » de s’en prendre à un de leurs copains et amis en le dégageant de son piédestal et les populations nigériennes, ensuite, qui ont « osé » applaudir cette action salvatrice.

Après des recherches vaines et harassantes, ces Chefs d’Etat, n’ayant pas pu trouver des articles et autres alinéas, ont décidé de faire comme notre célèbre humoriste Nourou Ouallam dans le spot de sensibilisation de la Direction Générale des Impôts (DGI) dans lequel, agent véreux, il est surnommé « Mai fabriqué Da Kanshi », car il conçoit lui-même, pour sa cause personnelle, ses propres reçus qu’il délivre aux usagers après avoir empoché l’argent au détriment des caisses de l’Etat.

Ainsi, ces Chefs d’Etat de la CEDEAO ont-ils décidé, pour leurs propres causes, de fabriquer, eux-mêmes, leurs propres sanctions sévères voire inhumaines, pour punir le Niger qui a juste décidé de prendre son destin en mains.

Parallèlement, là-bas à Paris, il y avait eu un branle-bas de combat sanctionné par une réunion en catastrophe du conseil national de défense sous la houlette du Président français et devant tout le bataclan d’Officiers Généraux de l’armée française comme si le CNSP avait pris l’Elysée !

Ce conseil national de la défense de Paris avait pour objectif d’haranguer, aiguillonner, encadrer la CEDEAO et l’encourager à resserrer l’étau autour de notre pays.

Mais voilà que 7 mois après, le peuple nigérien résilient et déterminé est resté stoïque face aux sanctions fabriquées parce qu’elles n’ont jamais existé, uniques parce qu’on n’a jamais vu pareilles sanctions, iniques parce qu’elles sont injustes et excessives, imposées par la CEDEAO et la France.

Et voilà que 7 mois après, un des Chefs d’Etat, vindicatif et outrancier contre le Niger et qui était à Abuja lors de « la fabrication » des sanctions contre le Niger, le Chef de l’Etat sénégalais en l’occurrence, vient, lui, de piétiner comme une serpillère, toutes les dispositions qui encadrent la démocratie et la bonne gouvernance dans l’espace communautaire, en reportant sine die les élections présidentielles dans son pays. Carrément !

Et voilà que ses copains de la CEDEAO ferment les yeux sur cette forfaiture et le félicitent d’ailleurs pour avoir perpétré ce coup d’Etat constitutionnel avec l’appui de la Gendarmerie sénégalaise qui a fait irruption dans l’hémicycle avec armes, fouets et gourdins !

D’ailleurs, la CEDEAO ou ce qui en reste en tout cas, rejette tout sur les adversaires de son bien aimé et bien nommé ami du Sénégal qu’elle présente, dans une série de communiqués rédigés à l’emporte-pièce, comme un sauveur ! Comme disent les jeunes gens : « On est où là ? ». Et voilà qu’en fermant leurs yeux sur la révolution de palais constitutionnelle à la tête de laquelle se trouve le Chef de l’Etat sénégalais, qui viole allégrement les dispositions des textes qui régissent l’organisation, le reliquat de Chef d’Etat de la CEDEAO vient, toute honte bue, de se saborder.

Alou Moustapha (ONEP)

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