Au Sénégal, la présidentielle « la plus ouverte de l’histoire » éveille stratégies et divisions

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De nombreuses incertitudes planent sur la douzième présidentielle de l’histoire du Sénégal qui aura lieu le 25 février 2024.

A moins de six mois de l’échéance qui désignera le cinquième président du Sénégal,  rien n’est clair du côté du pouvoir, comme de l’opposition , estime Alioune Tine, fondateur du think tank Afrikajom. Cet observateur avisé de la vie politique s’attend à la présidentielle  la plus ouverte de l’histoire .

Du côté du pouvoir, pourtant, l’horizon se dégage. Le 3 juillet, le président Macky Sall a mis fin à des mois de suspens et de tension. Il ne se représentera pas à l’élection du 25 février 2024 pour un troisième mandat.   Le Sénégal dépasse ma personne et est rempli de leaders capables de pousser le pays vers l’émergence , a-t-il déclaré. 

Puis, après avoir tergiversé, Sall a nommé son successeur le 9 septembre ; il s’agit de son Premier ministre Amadou Ba (62 ans) qui pilotera la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar (Unis par l’espoir), fondée par le président sortant en 2012

40 candidats d’opposition

Du côté de l’opposition, le flou s’accentue au rythme des déclarations de candidature. On en compte déjà près de 40 et pour Alioune Tine,  cette division arrange le pouvoir . Est-ce dans ce sens que l’adoption d’une modification du code électoral, impulsée par le dialogue national de Macky Sall, vient de rendre l’éligibilité à Karim Wade et Khalifa Sall ?  L’héritier de l’ancien président Abdoulaye Wade et l’ancien maire de Dakar sont deux monstres sacrés de la politique sénégalaise et leur retour dans l’arène, dont ils étaient privés depuis plusieurs années, va entraîner une reconfiguration de l’opposition. Cela peut ressembler à une stratégie. 

Le retour de Khalifa Sall coïncide d’ailleurs avec le divorce entre son parti Taxawu Sénégal et la principale coalition d’opposition Yewwi Askan (Libérer le peuple). Un coup dur supplémentaire pour cette formation politique dissoute le 31 juillet et dont le leader, Ousmane Sonko, est toujours en détention provisoire, après une grève de la faim d’un mois. D’autant que ce candidat, le préféré de la jeunesse, est frappé par trois procédures judiciaires.

Les prochaines semaines seront décisives. Le 27 septembre, les potentiels candidats devront se mettre en quête de leurs parrainages (0,6 % du corps électoral) obligatoires. A moins qu’un énième rebondissement n’intervienne.  Cela me paraît de moins en moins abstrait que l’élection soit reportée , assure Alioune Tine.  Dans un pays où on ne connaît pas les principaux candidats, où l’opposition n’a pas le droit de se réunir et où le pouvoir peine à sortir de Dakar, les conditions ne sont pas réunies pour une campagne présidentielle. 

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