Scrutin référendaire du 18 juin 2023 : La COCEM exhorte l’AIGE à clarifier les raisons d’une telle décision ou erreur par rapport au transfert de certains électeurs de Tombouctou à Taoudéni

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Au lendemain du scrutin référendaire,  la Coalition pour l’Observation Citoyenne des Élections au Mali (COCEM) a organisé une conférence de presse dans son quartier général à l’ACI 2000 de Bamako pour faire le point de leur observation de la dite journée avec les journalistes.

D’entré d’enjeu dans sa déclaration préliminaire,  M Salia Kariba TRAORÉ Coordinateur de la COCEM dira que malgré́ quelques incidents sécuritaires, le scrutin référendaire s’est globalement bien déroulé́ dans toutes les régions.  Par ailleurs, la COCEM a déployé́ quatre (04) observateurs fixes et neuf (09) observateurs mobiles dans les quatre (04) cercles de la région de Kidal. Aucun observateur n’a constaté l’ouverture de centres et de bureaux de vote dans ladite région.  Et que sur la base des éléments d’observation recueillis dans les lieux observés, la COCEM a relevé́ dans le centre de vote de l’école Medersa Bakary Coulibaly de Koutiala l’incapacité́ d’un électeur en situation de handicap physique d’exprimer son droit de vote. En effet, le bureau de vote de la personne concerné était situé à l’étage et n’a pu bénéficier d’aucune assistance pour pouvoir voter.  Et aussi aucun bureau de vote n’a connu une interruption de vote supérieure à 30 minutes. Ainsi, le vote s’est globalement bien déroulé́ et les procédures de vote ont été, dans l’ensemble, respectées dans les bureaux observés. Elle salue également la mise en place du système SMS qui permet aux électeurs de retrouver leur centre et bureau de vote plus facilement.

Cependant, la COCEM n’a pas constaté́ l’ouverture des centres et des bureaux dans les lieux indiqués dans les cercles de Abeïbara, Kidal, Tessalit et Tin-Essako (région de Kidal). Elle a également relevé́ la non tenue du scrutin dans d’autres localités en raison de l’insécurité́ qui y prévaut. Aussi,  elle regrette que des électeurs-trices de la ville de Tombouctou aient été dans l’impossibilité́ de voter en raison de leur transfert anormal sur la liste de Taoudéni ainsi que la délocalisation des bureaux de vote de certaines communes d’Ansongo.

Fermeture et dépouillement

M Salia Kariba TRAORÉ indiquera que 91% des bureaux de vote observés ont fermé entre 17h45 et 18h15 et 09% après 18h15. A 18h00, il n’y avait pas de file d’attente dans 70% des bureaux de vote observés. Dans 30% des bureaux observés, les électeurs qui étaient dans la file d’attente à 18h ont été autorisés à voter.  Les observateurs-trices de la COCEM ont évalué́ que la lumière n’était pas adéquate pendant le dépouillement dans 03% des bureaux de vote observés.  L’orifice de l’urne a été scellé juste après la fermeture dans tous les bureaux observés et les émargements des électeurs ont été comptés avant le dépouillement dans tous les bureaux de votes observés. Dans 99% des bureaux de vote observés, les bulletins ont été montrés et lus à haute voix avant d’être comptabilisés. Une copie du récépissé́ des résultats des opérations de vote a été affichée dans 82% des bureaux de votes observés.

Les incidents relevés par la COCEM

Des incidents ont été observés dans la ville de Tombouctou. En effet, des électeurs- trices de Tombouctou ville, venant notamment d’Abaradjou, Hamma bangou, Sankore, Bella farandi, Badjinde, Sareikeyna, Djingareyber, Commune Alafia, ont été dans l’impossibilité́ d’exercer leur droit de vote. Ces électeur-trices ont été, à leur insu, transféré́-es à Taoudeni (situé à plus de 750 km de Tombouctou) et sans qu’ils n’aient fait la demande de transfert.  Dans les communes de Ouatagouna, Bourra, Tin-Hamma, Talataye (cercle d’Ansongo), la COCEM a relevé́ la délocalisation des bureaux de vote desdites localités à Ansongo ville pour des raisons de sécurité́. Dans la localité́ de Sikata, commune de Dianguidé (cercle de Diéma, région de Kayes), des hommes armés non identifiés ont fait irruption dans le centre de vote provoquant l’arrêt des opérations de vote avec la destruction de matériels de vote.  Dans les communes rurales de Boron et de Toubacoro, cercle de Banamba, région de Koulikoro, la COCEM a relevé́ que les bureaux de vote ont été incendiés par des hommes armés non identifiés.  Dans les localités de Kolomina, à Siebougou et Djigué (situées dans la commune de Fallou, Région de Nara), des individus armés non identifiés ont également fait irruption dans les bureaux, saisi des urnes et d’autres matériels électoraux. Cela a obligé́ les agents et les électeur-trices à arrêter le vote et à fuir.

La COCEM a relevé́ l’installation d’un campus du “OUI” près du Groupe scolaire Abdourahmane Gueye de Kayes N’di le jour même du scrutin par la sous-section d’un parti politique.  Des prises d’otages et destruction de matériel électoral ont été observées et des menaces envers les agents électoraux et les électeurs ont entaché le vote dans certaines localités. Il s’agit entre autres notamment des localités des cercles de Niono, Nara, Djenné, Niafunké.

Recommandations de la COCEM

Au regard des constats faits sur l’ensemble du territoire national et en vue d’améliorer les prochains scrutins, la COCEM formule les recommandations suivantes :

  •  La COCEM appelle les autorités électorales à s’atteler à la finalisation de la centralisation des résultats et leur publication dans les délais légaux ;
  •  La COCEM demande à l’Autorité́ Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) de permettre aux observateurs nationaux de suivre les différentes étapes du scrutin incluant le dépouillement et la centralisation des résultats ;
  •  La COCEM exhorte l’AIGE à fournir la liste des centres, bureaux impactés par le changement de lieux des centres de vote et à clarifier les raisons d’une telle décision ou erreur ;
  •  La COCEM invite l’AIGE à publier la liste des bureaux de votes n’ayant pas ouvert ou qui ont arrêté́ de fonctionner pour des raisons liées à l’insécurité́ ;
  •  LA Coalition demande à l’AIGE de publier la liste des bureaux de vote ayant fermé avant l’heure de clôture légale au cours de la journée du 18 juin 2023 ;
  •  La COCEM recommande fortement la publication, dans un délai raisonnable, des résultats par bureau de vote et dans un format exploitable (Excel ou csv), ce qui contribue à une transparence sur l’agrégation des résultats ;
  •  La COCEM recommande la publication des résultats désagrégés Homme/femme en ce qui concerne le taux de participation ;
  •  La COCEM recommande le recours aux bulletins uniques pour les échéances électorales à venir afin de garantir le secret du vote des électeurs ;
  •  La COCEM invite l’AIGE à renforcer davantage la formation des agents électoraux en vue d’une meilleure qualité́ des opérations électorales ;
  •  La COCEM exhorte les différents acteurs de s’abstenir de toute déclaration de résultats relatifs au vote avant l’annonce officielle et à recourir aux voies légales pour toute contestation ou réclamation ;
  • La COCEM recommande la prise en compte des normes internationales afin de faciliter le vote des personnes vivant avec handicap en améliorant l’accessibilité́ aux bureaux et en fournissant le matériel nécessaire au vote des personnes en situation de handicap visuel et auditif.

Enfin M Salia Kariba TRAORÉ Coordinateur de la COCEM conclura sa déclaration liminaire que la COCEM continue sa mission d’observation à travers le suivi de la centralisation, la proclamation des résultats et l’environnement post électoral. Elle publiera un Rapport final d’observation de toutes les phases des opérations référendaires dans les meilleurs délais.

Bokoum Abdoul Momini/maliweb.net

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