Emprunter une moto-taxi à Bamako, a apporté d’énormes avantages à la population. Indiscutablement, l’introduction des moto-taxis, communément appelées « telimani », a innové le secteur de transport et permis à plusieurs jeunes (femmes et hommes) de subvenir à leurs besoins. C’est une activité qui a considérablement réduit le chômage des jeunes dans ces dernières années. Cependant, les conducteurs de « telimani » sont de plus en plus victimes des braquages et d’agressions très violents, souvent mortels par des bandits armés sans foi ni lois. Cette situation a conduit votre hebdomadaire Le Pélican a rencontré sur le terrain des conducteurs de « Telimanis ».
D’après notre enquête, il ne se passe pas un jour où qu’un conducteur de moto taxi telimani ne soit tué par les bandits pour prendre sa moto et son argent. Le vol de motos n’est pas un phénomène nouveau à Bamako. Ça remonte depuis des décennies déjà avec notamment les motos Jakarta. Mais avec la forte croissance d’une activité dénommée ‘’Moto Taxi Mani Ya’’, le vol à mains armées des motos a franchi une nouvelle étape. Car, les motos telimani de marque TVS sont plus chères que les motos Jakarta. Les agresseurs et les voleurs des motos taxis mènent leurs opérations aussi bien dans la journée que la nuit.
Dramane Tangara, un jeune diplômé en Anglais et Informatique, conducteur de moto taxi depuis 2 ans nous raconte que : « c’est généralement pendant les nuits que les voleurs, les agresseurs de motos taxis se déguisent en passager en nous demandant de les amener dans un quartier. En arrivant au quartier indiqué, le voleur et ses complices arrêtent le conducteur de moto avec des armes à feu. Etant dans une situation de surprise et sans défense, on est obligé de leur donner la moto pour sauver sa vie ».
D’autres personnes enquêtées nous ont révélés que ces agressions sont très fréquentes dans plusieurs quartiers de Bamako notamment : à Daoudabougou, dernière le Lycée Kankou Moussa, au marché de Kalaban-Koulouba ; au 3eme pont de Bamako, à Sirakoro Méguétan, à Sénou sur la route de Diatoula, à Sabalibougou, à Niamacoro-courani, à Gana, tout comme dans d’autres quartiers de Bamako et dans sa périphérie. Chaque semaine, on apprend très souvent l’information selon laquelle, que des motos taximen sont agressés. Leurs agresseurs tuent ou blessent grièvement leurs victimes.
Diakardia Cissé, est conducteur de moto taxi 24h/24h, depuis 3 ans. Il nous confié que : « Les voleurs de moto taxi ont beaucoup de stratégies, ils vous demandent de les amener dans un quartier où se trouve leur ‘’Grin’’, en acceptant la somme que vous lui proposez sans discussion. En arrivant à destination, ou bien à un niveau où, il n’y a pas assez de circulation de personnes, le voleur et ses complices, de 4 à 6 personnes, nous arrêtent pour s’attaquer à nous brutalement. Si on refuse de donner la moto, ils nous tuent. Même avant-hier nuit, dimanche le 3 septembre 2023 aux environs de 00h00, à Kalaban-Koulouba, j’ai croisé un conducteur de moto taxi qui venait d’être braqué. La victime m’a raconté les faits. Ils sont partis avec la moto, heureusement que rien ne lui est arrivé.
De même, « l’autre jour, raconte-t-il, sur la route de Faladiè, à côté du cimetière, j’amenais une cliente à sa destination, encours de route nous avons entendu brusquement le bruit d’une arme. Il y avait une moto Jakarta juste dernière moi. À l’entrée du carré, nous avons aperçu 2 personnes en train de fuir. C’était des voleurs, ils ont fui après avoir tiré sur un moto-taximan. Nous nous sommes approchés du monsieur ensanglanté. En constatant son état, j’ai directement appelé le numéro des saper pompiers qui sont venus en son secours. Il avait été fusillé au visage ». Aussi, il y a des conducteurs de moto-taxis telimani qui sont des voleurs. Ils prennent des clients pour aller se faire arrêter par des voleurs de leurs gangs.
Il y a un fait, la majorité de ces motos taxis telimani n’appartiennent pas à leurs conducteurs. En cas de vol, certains propriétaires exigent de rembourser leur moto alors d’autres pardonnent. Rarement ces motos volées, sont pas retrouvables. « Il y a de cela quelques jours, entre N’Golobougou et Bango à 14h00, ils ont braqué une connaissance en pleine journée. Heureusement que le propriétaire de la moto est un Bobo tout comme nous, c’est cela qui a rendu facile l’affaire. Sinon si c’était une autre personne, le propriétaire allait surement demander de payer sa moto ».
En effet, il est à déplorer que ces conducteurs de moto de taxi telimani, à la recherche d’un quelconque bonheur, sont quotidiennement assassinés froidement par des bandits armés à cause d’une moto TVS. Dont la valeur ne dépasse pas 700 000 FCFA. Il faut forcément trouver des solutions idoines pour empêcher ces agressions violentes. Pour cela, les autorités (la police nationale, Ministère des transports et des infrastructures, la mairie du District de Bamako), en étroite collaboration avec les conducteurs des motos taxis telimani, doivent nécessairement coopérer. Une coopération qui permettrait de recenser, enregistrer et contrôler toutes les motos taxis en circulation. De leur côté, les propriétaires de moto-taxis telimani doivent aussi pouvoir géo localiser les conducteurs. Ainsi en cas de vol, ces motos seraient faciles à retrouver. Ainsi, et il y aurait moins de braquages.
Aussi, la Direction Générale des Transports doit veiller scrupuleusement au respect de la règlementation en vigueur depuis 2020. Car les motos taxi Telimanis sans plaque, non identifiées, les conducteurs sans gilet et casque sont nombreux dans les circulations. Encore qu’il faudra fixer des horaires pour la circulation des motos taxi telimani.
Boubacar Bani Traoré, Stagiaire