Le Pôle des Actions d’Intégration des Droits Humains en Afrique (PACINDHA) a organisé, le mardi 6 janvier 2025, une conférence-débat de sensibilisation sur les violences basées sur le genre (VBG) et les pratiques néfastes. L’événement s’est tenu le mardi 7 janvier 2025 à la Maison de la Presse de Bamako. Cette conférence visait à renforcer la compréhension des journalistes, des acteurs de la société civile, des autorités administratives et des leaders traditionnels, en les sensibilisant aux problématiques des VBG, à l’état des lieux et aux tendances dominantes entre 2015 et 2023.
Cet événement s’inscrit dans le cadre d’un projet d’appui à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, avec un focus particulier sur l’implication des hommes et des garçons comme moteurs de changement. Financé par la Coopération allemande et ONU-Femmes, ce projet ambitionne de renforcer le leadership des hommes et des garçons afin de favoriser un changement des normes sociales, promouvoir les droits des femmes et des filles et éliminer les discriminations et violences à leur encontre. D’une durée de deux ans, le projet couvre les régions de Bamako, Sikasso et Kayes.
Lors de la conférence, Amadou Konaté, président du PACINDHA, a présenté des chiffres préoccupants. Selon lui, depuis 2015, les cas de violences basées sur le genre n’ont cessé d’augmenter. En 2023, 15 000 cas de VBG ont été recensés. Il a souligné que cette conférence-débat visait à engager une réflexion collective avec les médias et les acteurs de la société civile pour définir des actions concrètes visant à réduire l’incidence des VBG. « Il est désormais crucial d’unir nos forces pour déterminer comment collaborer avec l’État afin de protéger les femmes et les jeunes filles contre ce fléau », a-t-il affirmé.
Ousmane Mahamane Cissé, expert en la matière, a insisté sur l’importance d’une synergie d’action pour lutter efficacement contre ce phénomène. Il a révélé que près de 16 000 cas ont été enregistrés pour l’année 2024, dont 96 % concernaient des femmes et des filles. Parmi les facteurs explicatifs de cette augmentation, il a cité la situation économique et démographique, l’insécurité, l’effritement des valeurs morales et sociétales, ainsi que la consommation de stupéfiants.
La Directrice régionale de la promotion des femmes, de l’enfant et de la famille, Traoré Djelika Coulibaly, a également présenté l’évolution des cas de VBG de 2015 à 2023. À l’exception de l’année 2019, marquée par une légère diminution, les chiffres des années 2015 à 2024 continuent d’augmenter, ce qui témoigne de la gravité du phénomène.
Il est important de noter que les violences basées sur le genre se manifestent dans une variété de contextes : au sein des familles, à l’école, dans les champs, lors des excursions, dans les bureaux, dans les espaces sportifs, sur les marchés, dans les lieux de culte, et pendant les festivités. Cette diversité souligne la nécessité d’une réponse intégrée et multisectorielle pour lutter contre ce fléau.