Dans l’exercice de leur profession, certaines d’entre elles disent subir des agressions de plusieurs ordres : harcèlement, stigmatisation, cyber-sexisme, discours haineux et sexiste
L’un des thèmes programmés pour la Semaine nationale de la liberté de la presse était : «Les femmes journalistes face à la violence et au harcèlement sexuel au Mali». C’est dans ce cadre que femmes et hommes de la presse se sont mobilisés, hier à la Maison de la presse, pour en débattre. La rencontre s’est déroulée en présence de la vice-présidente de l’Association des femmes de la presse malienne (AFPM), Fatoumata Koné et du président de la Maison de la presse, Bandiougou Danté.
Selon la vice-présidente de l’AFPM, les agressions auxquelles font face les femmes journalistes s’accentuent de jour en jour. Ces agressions, a-t-elle expliqué, sont de plusieurs ordres : harcèlement, stigmatisation, cyber-sexisme, discours haineux et sexiste… Le harcèlement étant la forme la plus répandue au Mali, l’Association des femmes journalistes a voulu attirer l’attention des uns et des autres sur ce problème et proposer des solutions.
À en croire Fatoumata Koné, toutes les femmes journalistes présentes dans la salle ont, un jour où l’autre, été victimes de harcèlement dans leur rédaction. Cependant, elles choisissent de se taire, a-t-elle estimé.
La vice-présidente de l’AFPM a donc donné la parole à ses consœurs pour qu’elles exposent les agressions subies dans l’exercice de leur profession. Prenant la parole, H.D, ancienne rédactrice en chef adjointe dans une radio, a déclaré que le poste de rédacteur en chef lui avait été refusé à cause de son sexe.
«Quand je disais aux gens, des hommes surtout, que je suis rédactrice en chef adjointe dans tel organe, ils réduisaient ma responsabilité à une simple accompagnatrice du rédacteur en chef», a-t-elle confié.
À l’en croire, elle n’a pas fait une année à son poste. Elle a été relevée et remplacée par un homme. Pourtant, H.D a soutenu qu’elle avait apporté beaucoup d’innovations au sein de sa rédaction. Pour la journaliste, elle a été virée de son poste parce qu’elle avait refusé de répondre aux avances de deux responsables de son organe. «Après, ils ne me donnaient plus de reportages», a-t-elle témoigné.
Doussou Djiré, journaliste de profession, a mené sa petite enquête sur l’évolution historique des femmes dans la presse malienne. Elle était étonnée des difficultés qui assaillent les femmes dans les médias. «Nous constatons que très rarement les femmes occupent des postes de responsabilité», a relevé la journaliste qui estime que le changement ne saurait tarder.
Au cours du débat, beaucoup d’intervenants ont donné leur avis sur la place de la femme dans les médias et le harcèlement qu’elles subissent au quotidien. Comment remédier à cette situation ? La question est restée en suspens. Certaines consoeurs ont tout simplement invité les collègues à prendre cette problématique au sérieux.