Après avoir planifié et exécuté une campagne de déconstruction des acquis de 30 ans de démocratie, menée à coups de renforts médiatiques de dénigrement des partis politiques et du mouvement démocratique, en complicité avec les restaurateurs du régime de Moussa Traoré, les autorités de la transition viennent de donner un dernier coup de massue à la classe politique en mettant en place une nouvelle équipe gouvernementale à, son insu et cela sans aucune autre forme de procès. Où a-t-on vu une gouvernance d’Etat en dehors des acteurs politiques ? Les partis politiques vont-ils enfin se réveiller de leur profond sommeil pour défendre le bilan de 30 ans de démocratie ? A quand Le sursaut d’orgueil pour laver cet affront ?
Si nous devrions reconnaitre que la gestion du pays n’a pas été vertueuse sous l’ère de la démocratie et qu’il y ait eu beaucoup de ratés dans la conduite des affaires publiques, force est de reconnaitre que le Mali post révolution du 26 Mars 1991 a fait un bond qualitatif dans tous les domaines. Ceux qui veulent falsifier, voir torpiller le cou à l’histoire se trompent lamentablement de combat, la démocratie reste la seule alternative crédible pour la gestion de la RES-publica. La campagne de dépolitisation et de diabolisation des acteurs politiques est faite à dessein pour non seulement les dénigrer, mais aussi et surtout permettre au président de la transition d’occuper magistralement le terrain politique et de pouvoir assouvir à son ambition politique, celle d’être candidat ou de soutenir un candidat qui aura toutes les chances de passer sans coups férir. Quoi de plus normal si sa candidature ne viole pas la Constitution et les autres lois y afférentes, mais les règles du jeu ne doivent pas être biaisées, voir déséquilibrées. il peut bien faire acte de candidature s’il remplit toutes les conditions d’éligibilité, mais sa candidature ne devra nullement pas être contre les partis politiques dont la mission première est la conquête et l’exercice du pouvoir. La gestion de la cité est avant tout l’affaire des acteurs politiques quitte au peuple de choisir les plus intègres et les plus compétents. Il n y a pas de démocratie sans les partis politiques.
Les partis politiques vont-ils enfin se réveiller de leur profond sommeil pour défendre le bilan de 30 ans de démocratie ?
Si indéniablement le régime qui a été renversé le 18 Août 2020, à savoir celui d’IBK, a été une véritable calamité, avec une gestion à la fois patrimoniale et catastrophique, avec une corruption à ciel ouvert, un clientélisme sans commune mesure, ceux qui l’ont précédé à savoir le régime d’Alpha Oumar Konaré et celui d’ATT ont jeté les bases d’un développement durable, bien sûr avec des ratés. Donc vouloir peindre en noir le bilan de 30 ans de démocratie relève d’un autisme et d’une mauvaise foi extrême. Pourquoi alors les acteurs du Mouvement démocratique rasent-ils le mur et sont muets face aux saisonniers de la politique qui ne manquent pas d’occasion pour les vilipender et jeter du discrédit sur un bilan pourtant bien défendable? Comment peut-on passer sous silence la décentralisation, cette prouesse qui a été la première solution à la rébellion armée, que dire de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations en 2002, qui, au-delà de l’aspect sportif, a été un véritable projet de développement. Car elle a permis de doter les capitales régionales d’infrastructures sportives et économiques. Il est tout aussi indéniable que les deux régimes, AOK et ATT, ont construit plus d’écoles et de salles de classe que l’ensemble des deux républiques précédentes réunies, à savoir celle de Modibo Keita et la deuxième République du Général Moussa Traoré. Le bilan de la démocratie c’est aussi les infrastructures routières et économiques comme la cité administrative. De quoi la classe politique a-t-elle peur pour se morfondre et raser le mur ? Il est grand temps qu’elle se réveille pour non seulement donner un sens à la politique, mais aussi et surtout pour montrer à l’opinion que le bilan loin d’être totalement rose est loin d’être noir comme prétendent faire croire certains. La jeune génération est interpellée, car la vieille garde semble perdre toute crédibilité aux yeux de l’opinion.
A quand Le sursaut d’orgueil pour laver cet affront ?
Il est temps que les partis politiques se réveillent de leur profond sommeil pour non seulement se rassembler au-delà de leurs clivages idéologiques, afin de démentir tous les jugements fallacieux, mais aussi sonner le glas des dissensions et autres calculs politiciens. Ils doivent défendre leur chapelle face aux opportunistes et saisonniers politiques qui ont été à tous les râteliers depuis l’avènement de la démocratie. Le sursaut c’est de comprendre qu’aucun parti seul ne pourra se sauver sans les autres et que face à leur survie ils doivent être ensemble.
En somme, s’il n y a pas de démocratie sans partis politiques, ces derniers doivent également donner un sens à la chose politique. La politique ne doit pas être synonyme de recherche de strapontins et cela à n’importe quel prix.
Youssouf Sissoko