Des proches d’un jeune Guinéen tué mercredi en Charente par le tir d’un policier, qu’il venait de heurter en voiture dans le cadre d’un refus d’obtempérer selon les autorités, ont dénoncé « une bavure » en manifestant jeudi à Angoulême.
« Il est victime d’une bavure policière et du racisme », lâche Maya Biret, une amie, ajoutant que cet homme de 19 ans « aimait la France et voulait la nationalité française ». Dans le cortège, beaucoup ne croient pas à la thèse du refus d’obtempérer. « Il avait son permis, il était en règle, pourquoi il aurait fui ? », demande Aziz, qui le connaît depuis 2018. « Quelqu’un qui prend la fuite, il ne s’arrête pas à un feu rouge, ça ne tient pas la route ! ».
Un policier blessé aux jambes, selon le parquet
Les faits se sont déroulés tôt mercredi matin à Saint-Yrieix-sur-Charente, dans la banlieue d’Angoulême. Alhoussein Camara a été touché mortellement par un tir de policier en tentant d’échapper à une interpellation, selon le parquet.
Le véhicule de la victime, « pris en charge à allure réduite » par une première voiture de police tôt mercredi matin, parce qu’il « zigzaguait », a d’abord accéléré tandis qu’une seconde patrouille tentait de l’intercepter, avant de « s’immobiliser » au niveau d’un feu « au rouge fixe », a relaté mercredi la procureure de la République d’Angoulême, Stéphanie Aouine.
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Les deux véhicules de police se sont alors positionnés pour interpeller le conducteur, qui a enclenché la marche arrière pour repartir ensuite en avant, heurtant aux jambes un policier, selon le parquet. Celui-ci lui a alors tiré dessus, le touchant mortellement.
« Pourquoi ne pas avoir relevé sa plaque d’immatriculation pour le convoquer le lendemain ? », s’est interrogée une femme dans le cortège qui a rassemblé 150 personnes environ.
« Ils sont en train de salir son image »
Arrivé en France en 2018, passé par un foyer de l’Aide sociale à l’enfance et ayant décroché un CAP de cuisine, le jeune Guinéen a travaillé dans un restaurant et officiait désormais dans une base logistique d’Intermarché, où il se rendait, selon ses proches. Il était inconnu de la justice, selon le parquet.
Au foyer de jeunes travailleurs où il vivait à Angoulême, on décrit « un comportement exemplaire » : « Il était apprécié de tous, aussi bien des autres résidents que de l’équipe de l’association. Il était actif, volontaire, aimable, agréable au quotidien ». « Ils sont en train de salir son image en le faisant passer pour un délinquant », a dénoncé Maya Biret, allusion à un communiqué du syndicat de policiers Alliance qui a employé ce terme.
Le parquet a ouvert deux enquêtes : l’une pour « refus d’obtempérer et violences avec arme », l’autre pour « homicide volontaire » visant le policier. « Tout l’enjeu de ce dossier sera la question de la légitime défense », a souligné la procureure. Le policier blessé est sorti de l’hôpital mercredi soir après avoir été entendu par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), selon une source policière.