C’est par un décret signé du Président de la transition, le Colonel Assimi Goita, que la liste des 140 membres qui composent désormais le comité de pilotage du dialogue inter maliens a été constituée. Ce dialogue qui se veut être la véritable alternative au DNI et à la CEN, porte en lui les germes de la non inclusivité avec l’absence notoire du CSP/ PSD et de certaines formations politiques et même des associations de la société civile. Donc son objectif principal qui est la promotion de la paix, de la réconciliation et du vivre ensemble entre toutes les filles et tous les fils du pays risque de ne pas se réaliser. Composé d’universitaires, de politiques, de leaders de la société civile, et des membres de toutes les couches socioprofessionnelles, des ressortissants de toutes les régions et communautés, le comité de pilotage aura pour mission principale de tracer la voie à suivre pour un véritable dialogue dont les conclusions et recommandations auront valeur de loi pour être appliquées au grand bonheur du peuple. Le gouvernement pourra-t-il utiliser la force des arguments pour persuader les absents à y prendre part ? Quid d’une partie de la classe politique et de la société civile qui disent ne pas être consultées ? Le consensus ne serait-il pas un impératif absolu pour la réussite d’un tel dialogue ?
Tous les regards des observateurs de la scène politique malienne sont tournés vers le comité de pilotage mis en place par le Président de la transition pour donner le premier tempo du dialogue inter maliens annoncé par les autorités du pays. Ce comité sera chargé d’élaborer une feuille de route qui aura valeur de boussole pour les participants au futur dialogue inter maliens. Rien qu’à en juger par la qualité d’hommes et de femmes qui composent le comité, on peut affirmer sans risque de se tromper que ce comité ne manquera pas de compétences pour donner des bonnes directives aux autorités. Il proposera à coup sûr une feuille de route qui sera le bréviaire des différents participants au dialogue inter maliens attendu pour être la meilleure alternative pour la promotion de la paix, de la réconciliation et du vivre ensemble après les dures épreuves endurées par le résilient peuple malien. Si la belle initiative des autorités a été saluée par une frange du peuple, qui y voit une solution idoine pour la paix, nombreux sont les analystes qui affirment que l’éléphant annoncé risque d’arriver avec deux pieds cassés. Car en plus de l’absence très remarquée d’une partie intégrante du conflit à savoir la CMA, le dialogue inter maliens risque d’aboutir à du déjà vu et entendu avec des belles recommandations et résolutions Théoriques, mais difficiles d’être appliquées sur le terrain, parce que souffrant d’un déficit de consensus. C’est pourquoi la question relative à des similitudes que ce forum pourrait avoir avec les autres foras qui ont été tenus est fondamentale.
En effet, en plus des insuffisances liées à la représentativité, un tel forum devrait être l’occasion pour tous les maliens de s’exprimer sans exclusive afin que les résolutions et recommandations qui seront issues de ce forum soient celles du peuple dans sa diversité et dans son unité. L’absence du CSP/ PSD à ce dialogue inter maliens sera un grand vide difficile à combler. Taxés de terroristes par les autorités de la transition, les membres du CSP/ PSD ex CMA sont des acteurs incontournables à ce dialogue, si le Mali veut avoir une paix durable. En les diabolisant on les rendra, à coup sûr extrémistes. Donc si les autorités de la transition ne sont pas en mesure d’étendre le dialogue en les incluant, qu’elles en donnent l’autorisation au comité de pilotage pour le faire. Ce comité est composé d’hommes et de femmes qui ont des attaches et de relations amicales, voire fraternelles avec les leaders du CSP/ PSD.
En définitive, la réussite du dialogue inter maliens ne dépendra guère des bonnes résolutions et des grandes recommandations, mais plutôt de l’inclusivité et de l’applicabilité de celles-ci. Donc en gagnant la bataille de la tenue on doit pouvoir gagner également celle de la massive participation de tous les fils du pays.
Youssouf Sissoko