Le 7 octobre, des hommes armés du Hamas ont envahi la maison de Yocheved Lifshitz, 85 ans, blessant par balle son mari Oded à la main avant de la jeter sur une moto pour l’entraîner vers les tunnels de Gaza, a raconté son petit-fils après sa libération.
C’est dans le dédale « très humide » et « très profond » de salles et passages souterrains du territoire contrôlé par le mouvement islamiste palestinien que la vieille dame raconte avoir rencontré un haut responsable du Hamas.
Elle le prend d’abord pour un homme que peu d’Israéliens ont déjà vu en chair et en os : Yahya Sinouar, chef du Hamas à Gaza, l’un des cerveaux présumés de l’attaque du 7 octobre.
« Elle a raconté l’avoir vu et lui avoir dit : +Tu n’as pas honte ? Comment peut-on ne pas avoir honte d’infliger ces choses à des gens qui se sont battus toute leur vie pour la paix ?+ », détaille son petit-fils Daniel Lifshitz dans un entretien à l’AFPTV.
« Elle a dit qu’il était resté silencieux ».
Mais après avoir interrogé la vieille dame, les services de sécurité estiment qu’il ne s’agit pas de Yahya Sinouar, a précisé son fils à la chaîne 13 de la télévision israélienne.
« Ma mère a dit avoir rencontré Sinouar, mais des responsables des services de sécurité l’ont interrogée, lui ont montré des photos et il s’avère que ce n’est pas lui qu’elle a rencontré », a dit Yocheved Lifshitz.
« Elle ne sait pas réellement qui c’était, mais il s’est présenté comme un haut dirigeant », a-t-il expliqué. « Elle pensait parler à Yahya Sinouar et c’est ce qu’elle nous a dit quand elle est rentrée (de captivité) mais après vérification, il s’avère que ce n’était pas lui ».
Sollicité par l’AFP, le Hamas a refusé de confirmer qu’une telle rencontre a eu lieu.
« Dernière vision »
La famille Lifshitz a décrit son mari Oded comme un défenseur acharné des droits humains qui allait régulièrement chercher des malades palestiniens de Gaza pour les emmener dans des hôpitaux en Israël.
Réputé tant pour sa discrétion que pour son engagement dans la lutte armée, Yahya Sinouar, 61 ans, n’est pas apparu en public depuis octobre.
Celui que l’armée israélienne qualifie de « mort en sursis » a passé 23 ans dans les geôles israéliennes où il a appris l’hébreu. En 2011, il est échangé avec un millier de détenus palestiniens contre le soldat israélien Gilad Shalit, otage du Hamas pendant cinq ans, puis prend la direction du mouvement à Gaza en 2017.
Yocheved Lifshitz a été libérée fin octobre avec une autre femme âgée, mais son mari Oded, 83 ans, reste captif. Le Hamas affirme que les deux femmes ont été relâchées pour raisons humanitaires.
Selon Daniel Lifshitz, sa grand-mère « a contracté une infection de l’estomac, elle a perdu près de dix kilos. Elle serait morte si elle était restée là-bas ».
Après la fin de la trêve vendredi matin et des échanges, depuis le 24 novembre, de dizaines d’otages au total contre des détenus palestiniens incarcérés par Israël, le sort des otages demeurant aux mains du Hamas ou d’autres groupes armés à Gaza est incertain.
La vieille dame n’a plus vu son mari depuis le jour de leur enlèvement, selon Daniel.
« La dernière vision que ma grand-mère a de lui, c’est quand elle était sur la moto. C’est ça l’image [qui lui reste], après 63 ans de mariage ».
AFP