La loi est à la base de toute société structurée, d’autant plus qu’elle vise non seulement à la protection du citoyen, mais aussi à la punition d’actes délictueux à l’encontre de ceux qui enfreignent les droits sociaux tels que définis par cette même loi. L’objectif que l’on cherche à atteindre par la loi est la stabilité conviviale d’une vie en communauté fondée sur l’ordre, la dignité humaine et les droits humains.
Il appert que nos gouvernants n’ont pas suffisamment prêté une oreille attentive aux aspirations profondes du peuple malien et veiller à ce que les desiderata des couches populaires soient pris en compte avant de vouloir donner force légale à leur projet de loi inique. Leur coup de force suscite déjà du mépris pour ce texte de loi hypocrite et honteux qui n’a nullement pris en considération la réalité sociale malienne. L’injustice dans ce texte de loi mettra clairement en évidence le dysfonctionnement de notre société. Ce texte de loi qui manque gravement à l’équité laissera pour sûre une tache sombre, pis encore, infamante dans l’histoire de notre pays. Toute loi inéquitable et injuste imposée aux populations se verra irrémédiablement contestée tôt ou tard. Comme le disait Saint-Augustin d’Hippone ‘‘Une loi injuste n’est pas une loi’’.
Cette réforme est également illégitime parce qu’elle n’est pas issue d’une véritable concertation ni d’une vraie conversation avec l’ensemble du peuple malien. Elle a été conçue dans l’arrière court d’officine et voudrait passer en force par les gouvernants au mépris de la souveraineté du peuple. Cette souveraineté a été bafouée et les autorités ont affiché leur mépris pour beaucoup de nos communautés qui ont une méconnaissance totale du contenu de ce texte de loi. D’autre part, en faisant passer ce texte par référendum six mois avant les élections et dans un pays en feu, cette réforme viole la constitution actuelle, elle est par conséquence anticonstitutionnelle.
La réforme constitutionnelle en gésine est aussi injuste et inégalitaire parce qu’elle pénalise des communautés pour des raisons politiques. Instrumentaliser la loi à des fins politiques est une atteinte directe à l’État de droit et aux libertés publiques. Elle rompt donc avec le principe d’égalité affirmé par la déclaration universelle des droits de l’homme, voire avec nos valeurs.
Les lois doivent être équitables et donc être les mêmes pour tous ; mais aussi, elles doivent être en conformité avec la morale. Ce texte de loi prive certaines communautés de leur plein droit citoyen et les sépare du reste du peuple malien. Ainsi donc, nous sommes tous liés au Mali, mais nous ne sommes pas les mêmes devant la loi ? Il est évident que la séparation incite à l’inégalité. Cette réforme de ségrégation doit être pointée du doigt et dénoncée autant que l’injustice qui en découle. C’est un texte de loi injuste et illégal, qui n’est aucunement en harmonie avec la morale et la justice sociale. Le diable se cache sûrement dans les articles de ce texte de loi.
Nous pouvons conclure que cette réforme illégitime, injuste et inégalitaire, bafoue les règles constitutionnelles, et sera perpétrée au détriment de la population, dans l’intérêt seul de ses auteurs. Ce texte de loi bâclé et sans la moindre intelligence, destiné à un passage en force au moyen d’un référendum par les autorités de transition pourrait faire jurisprudence donnant à tous les futurs gouvernements le droit d’enter n’importe quelle réforme sociale à la schlague. Une chose est sure, la validation par malice du texte de loi inéquitable n’enlève rien à l’injustice et l’inutilité de cette réforme de la constitution. Puissent nos gouvernants recevoir la grâce et la sagesse pour retirer ce texte de loi. A contrario, il restera comme une tache indélébile impossible à oublier.
Nous espérons encore que ces mêmes gouvernants ne laisseront pas les innombrables impuissants maliens se dirent qu’ils ont vu un jour s’amener une certaine autorité de transition qui, se prévalant d’une loi très injuste, leur a enlevé leur pleine citoyenneté, s’en est allé en apportant avec lui leur cœur et leur âme, et qui leur a fait perdre tout espoir en l’avenir.
Ce texte de loi donne certes un sentiment erroné de supériorité à ses auteurs. Toutefois, toute loi qui dégrade la personnalité humaine est injuste. En dépit de ce texte de loi injustifié qui nous est imposé, nous devons conserver notre force et notre intégrité, afin de maintenir la dignité pour laquelle nous avons déployé tant d’efforts pendant si longtemps. Continuons ensemble !
Cheick Boucadry Traoré
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