«Ce discours de 28 minutes de Tiékoro Bagayoko à San, après la prise du pouvoir par le Comité militaire de libération nationale (CMLN). Dénonciation des actes du régime déchu, corruption, enrichissement illicite, abus de pouvoir, défaillance de la justice, déchéance de l’école malienne, manque de vision politique, haine de la politique, détestation des hommes politiques, chute de l’économie, propagande… Ce discours montre une répétition sans fin d’un même scénario au Mali. Il prouve que l’on fait du surplace depuis l’indépendance, sans véritablement apprendre de nos travers. Chacun défend juste sa chapelle à un moment donné. Depuis ces années, les discours se succèdent, mais restent malheureusement invariables. Pourtant, ce discours de Tiékoro Bagayoko peut tellement nous servir aujourd’hui, mais à la seule condition que nous comprenions que rien n’a changé».
Lorsque les jeunes militaires ont parachevé les meetings des partis politiques et de la société civile contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta, les Maliens ont applaudi à grand cri victoire. Il s’agissait pour une grande majorité de Maliens d’un changement radical de système de gouvernance. Une rupture totale avec le système de gouvernance vieux de trente (30) ans. Mais, c’était mal connaître l’identité des cinq (05) colonels qui ont achevé la marche du soulèvement des Maliens. Des raisons bien précises ont poussé le peuple de Bamako à prendre la place de l’Indépendance. Parmi ces raisons, il y avait l’insécurité grandissante dans les régions du Nord et du Centre du Mali, la corruption grandissante, le détournement des fonds publics, les décisions de justice mal rendues, la mauvaise gestion du foncier, les fermetures des écoles à l’intérieur du pays, les grèves intempestives des différentes corporations de la fonction publique, éradiquer l’impunité comme mode de gouvernance. Arrêter le népotisme dans la gestion des ressources humaines.
Après deux (02) ans d’exercice du pouvoir, on se rend compte que rien n’a été réglé parmi toutes ces doléances du peuple, rien n’a bougé dans aucun secteur. Tous les actes condamnés sous le régime de Ibrahim Boubacar Keïta sont revenus au galop avec souvent des tournures inquiétantes dans le secteur du foncier, dans le détournement des fonds publics et dans la gestion des ressources humaines avec à la clé le népotisme.
L’administration publique a été presque caporalisée par des nominations de militaires. La rupture avec l’ancien régime devait commencer par la mise en place de délégations spéciales dans les mairies par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Le ministre d’État proroge deux fois le mandat finissant des maires, chose inhabituelle. De ce fait, la transition court à l’échec pour méconnaissance des textes administratifs. Le Mali Koura n’est plus possible lorsque des élus locaux de l’ancien régime chassé du pouvoir continuent de servir le Mali Koura du colonel Assimi Goïta, président de la transition rectifié. Tare de nos dirigeants, le non-respect de la parole donnée lors de la prise du pouvoir. Pour avoir manqué à cette obligation Amadou Toumani Touré (ATT) et Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) perdirent le pouvoir.
Au Mali, l’évidence s’impose: les uns sont trop riches, les autres trop pauvres. La solution coule de source: il faut prendre aux premiers pour donner aux seconds. La transition ne peut pas être soutenue, car le système de gouvernance reste le même. Mais dans un domaine aussi délicat, qu’est la gestion du pays, il faut des hommes et des femmes intrinsèques, les bonnes intentions ne suffisent pas, mais il faut un résultat.
Les gouvernants deviennent des médecins ayant pour mission de rétablir la bonne santé du peuple. Il faut maintenant apporter les réponses que l’opinion attend et redoute tout à la fois. Si le président de la transition ne songe pas à redresser ses hommes et femmes qui sont aux affaires, un soulèvement n’est pas exclu dans les jours à venir.