Pris dans son propre piège de mauvaise gouvernance, le gouvernement de la transition est en quête d’âme. Il cherche désespérément un second souffle pour redonner son blason, terni par des promesses non tenues et une corruption rampante.
Arrivées au nom de la rectification de la transition, prise en otage par le duo Bah N’Daw-Moctar Ouane, entre août 2020 et mai 2021, les hommes de ce concept, incarnés par le colonel Assimi Goïta et Choguel Kokalla Maïga, ont suscité beaucoup d’espoir pour redresser la barre. Mais au bout d’une année de gestion de l’État, les espérances semblent être déçues. Les promesses annoncées avec assurance restent encore au travers de la gorge des Maliens, en particulier les soutiens indéfectibles de la transition. Ils se sentent floués par la gestion d’un gouvernement parsemée de scandales financiers à l’image des gouvernements d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) qui ont pillé le pays au nom d’achat d’avion présidentiel, d’équipements militaires, d’engrais «frelatés», fonds COVID, etc.
Aujourd’hui, face à la montée des périls, le gouvernement tente bien que mal de sauver les meubles. Il est parvenu pour l’instant à désamorcer la bombe sociale du côté certains syndicats qui avaient menacé de paralyser l’administration par une série de grèves, dont les conséquences allaient être fâcheuses pour notre pays, en proie déjà à de nombreuses crises. Ces accords entre le gouvernement et ces syndicats ne sauraient cachés le mécontentement social grandissant qui couve sous la cendre. Ils donnent un temps de souffle aux autorités de la transition avant que ceux-ci ne déterrent la hache de guerre pour des engagements non tenus.
Pourtant, cette tension sociale pouvait être évitée si le gouvernement ne s’était pris dans son propre piège de mauvaise gouvernance, de promesses non tenues et d’une corruption rampante qui touche même les fondements sur lesquels la transition devrait bâtir le nouveau Mali, concept qui a fédéré les Maliens pour une rupture avec les anciennes pratiques issues de la gestion du Mali démocratique. Mais hélas ! Les moyens déloyaux, par lesquels les démocrates de la 25ème heure ont mis en place à partir du 8 juin 1992 pour leur confort personnel et égoïste, ont vite fait leur retour sur la scène politique. Ils ont été sophistiqués dans certaines sphères de l’administration publique tenue par des hommes de la rectification et du changement brutal avec l’ordre ancien sous l’œil complaisant de certains princes du jour. Ce qui fait que rien ne se fait plus dans la règle de l’art. Les nominations aux postes à responsabilité souffrent de népotisme, de favoritisme, de clientélisme, de copinage au détriment de la compétence, de l’intégrité, de la morale, de la sobriété. Le rejet de ces valeurs cardinales donne du fil à tordre au gouvernement pour donner satisfaction au peuple malien.
Aussi, remarque-t-on le surplace dans la conduite des affaires. Cette situation est essentiellement due à une équipe gouvernementale qui gère le pays sans objectifs clairs et bien définis. C’est ce qui explique la colère des citoyens maliens qui ne voient qu’une gestion d’«IBK sans IBK». Et, ils n’hésitent pas à dire que les revendications qui les ont poussés dans la rue pour exiger du régime d’IBK une autre gouvernance ont été abandonnées au profit de l’enrichissement fulgurant d’une poignée de femmes et d’hommes, tapis dans l’ombre pour faire échec à la volonté populaire d’un changement de paradigme.
Ils sont parvenus à dévier le cours de la transition dans la lutte contre la corruption des dossiers hérités de la mauvaise gestion du président IBK. Alors que l’attente de ce côté était grande au sein de la population malienne, qui sans arrière-pensée, a fait bloc derrière la transition pour empêcher le retour des bandits à col aux affaires. Il nous revient que la lutte contre la corruption est morte de sa belle mort. Et les hommes du changement n’ont leurs yeux que pour pleurer. Ensuite, les nombreuses maladresses du gouvernement dans la gestion des dossiers brûlants de l’heure : intrants agricoles, les exonérations et subventions accordées à des opérateurs économiques peu crédibles. Malgré la gestion désastreuse de ces affaires, les ministres en charge de ces dossiers ne sont pas inquiétés. Ils se la coulent douce dans les rues de Bamako. D’ailleurs, ils s’illustrent par des moqueries à l’encontre du peuple malien par des déclarations creuses sur des médias publics.
Face à cette montée des périls, le Mali a besoin d’un gouvernement digne à la hauteur des attentes pour préserver le climat social et sauver notre pays de l’abîme. Mais à condition de faire appel à des femmes et des hommes pétris de talents, d’expérience et dont la moralité, l’intégrité, l’amour de la patrie ne souffrent d’aucun doute. Au lieu de répondre à la volonté hypocrite des agitateurs d’une certaine classe politique affamée. La formation d’une nouvelle équipe gouvernementale se saurait aussi être dictée par le retour des démocrates criminels, dont une partie s’agite actuellement pour qu’on leur tende la perche.
Le colonel Assimi Goïta, président de la transition, au nom de l’intérêt général, réagit au cri de détresse des Maliens qui croient encore à votre volonté de changement pour le bien-être de vos compatriotes.
Yoro SOW