Au Mali, la célébration de la Journée mondiale des toilettes 2023 a été reportée au 21 décembre prochain. Une journée reconnue par l’ONU, et normalement célébrée le 19 novembre de chaque année. Cependant, le vrai défi pour le Mali se trouve au niveau du faible taux d’accès aux toilettes. Cela, en dépit des engagements pris dans le cadre des Objectifs du Développement Durable notamment l’ODD N°6.
Adoptée en juillet 2023, la nouvelle constitution du Mali reprend la disposition qui stipule que « toute personne a droit à un environnement sain et durable ». Une victoire juridique et politique, ont salué les militants de la société civile dans le secteur Eau, Hygiène, Assainissement. Dans les faits pourtant, l’assainissement, surtout l’accès aux toilettes, reste un domaine négligé par les politiques malgré les engagements internationaux.
Selon la Direction nationale de l’Assainissement et du Contrôle des Pollutions et de Nuisances (DNACPN), à ce jour, seulement 45% de la population malienne dispose d’un service de base d’assainissement, soit environ 10,1 millions de personnes. Aussi, au Mali plus d’un million de personnes pratiquent la défécation à l’air libre, soit 5% de la population. Une réalité qui prouve les difficultés de la mise en œuvre de l’ODD N°6 qui vise à « garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau », à l’horizon 2030.
« Accélérer le changement »
Actuellement, environ 60 % de la population mondiale, soit 4,2 milliards de personnes, n’ont pas de toilettes à la maison. Selon le rapport conjoint OMS/UNICEF, en 2022, 70% de la population africaine n’avaient pas accès à des services d’assainissement gérés en toute sécurité. Des données qui ont motivé l’adoption, cette année, du thème international « Accélérer le changement » pour la célébration de la journée mondiale des toilettes. « Au rythme actuel, le monde est encore loin d’atteindre l’Objectif du Développement Durable (ODD) N°6 qui vise à « garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau », a indiqué Issaka Sangaré, Chargé de Communication et des campagnes à WaterAid Mali.
« L’assainissement est le premier maillon de la santé publique », a souligné Sory Ibrahim Bouaré, conseiller santé, environnement au bureau de l’OMS à Bamako. Selon lui, l’accès aux toilettes sauve des vies en empêchant la propagation des maladies liées aux matières fécales. Le manque d’assainissement, explique Sory Ibrahim Bouaré, constitue un risque important pour la santé publique et affecte les populations pauvres, marginalisées et vulnérables.
« Ce thème est l’occasion d’appeler les dirigeants à accélérer les progrès pour l’accès universel à l’assainissement », informe Issaka Sangaré. En plus des dirigeants, ajoute le Chargé de communication et des campagnes à WaterAid Mali, les populations doivent adopter les bonnes pratiques en matière de conception, d’utilisation et d’entretien des toilettes. La problématique de l’accès aux toilettes est un véritable casse-tête au Mali, reconnaît le directeur de la DNACPN, Niarga Oulé Dembélé. Selon lui, la relecture de la politique nationale d’assainissement pour corriger certaines insuffisances permettra à une grande majorité de la population d’accéder aux toilettes.
Dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale des Toilettes, WaterAid Mali accompagne les efforts de l’Etat au niveau national. Aussi au niveau communautaire, elle mène des activités de mobilisation et de sensibilisation en partenariat avec les ONG locales. Parmi ces activités, il y a des caravanes de sensibilisation communautaire, des émissions radio, les activités de sensibilisation à travers l’art social. Pour WaterAid Mali, l’« accès aux toilettes est une question de droit et de dignité. Personne ne doit être laissé de côté ».
Mamadou TOGOLA/maliweb.net