Le tumulte créé par les réseaux sociaux menace l’unité nationale. Nul ne lève cependant le petit doigt pour dire stop, encore moins offrir sa médiation pour calmer les esprits.
En cette ère du numérique, où chaque clic et chaque partage peuvent avoir une influence insoupçonnée, le Mali vit une épreuve délicate de son histoire. A cause de ces bruits virtuels érigés en un front social ouvert contre l’âme de la nation, la question, urgente et déterminante, est la suivante : qui osera se tenir au milieu du champ de bataille avec l’étendard de la médiation ?
En effet les sursauts de la scène réseautique malienne exposent la fragilité d’une nation en quête de cohésion. Avec les fissures sociales qui s’élargissent, la nécessité d’une médiation habile s’impose plus que jamais. Il est difficile d’ignorer le bulldozer numérique dans la pièce, c’est-à-dire les réseaux sociaux, dont l’influence grandissante brouille les frontières entre espace public et privé. Dans ce cyberespace amovible, les échanges en ligne ont parfois muté en de véritables champs de bataille idéologiques, où la modération et la nuance sont englouties par les flots de la polarisation.
L’image traditionnelle de l’État malien est en train de se redessiner sous nos yeux sous l’assaut incessant des tweets, des vidéos hostiles, des répliques sous forme de piques et des commentaires virulents. Les débats en ligne, autrefois espaces de discussions, sont désormais le théâtre de joutes verbales amères qui ne semblent pas déranger certaines autorités ni leur déplaire.
Même les édifices moraux du pays et les guides religieux ne sont pas épargnés par ce flux numérique. Les figures religieuses, autrefois garantes de la conciliation en temps de trouble, semblent avoir choisi de prendre l’arme de la division plutôt que le bouclier de l’unité. Campés sur des positions centralisées, ils sapent l’autorité morale qu’ils avaient durement gagnée par des prêches enflammés sur les réseaux sociaux.
L’effondrement de la crédibilité du monde religieux, en tant qu’entité de médiation, soulève un drapeau rouge sur le chemin de la réconciliation nationale. Les cicatrices et les tensions creusées par les interactions en ligne remettent en question la possibilité même d’une résolution pacifique en cas de conflits. C’est là que réside l’extravagance alors que l’État malien dispose de structures dédiées à la réconciliation et aux affaires religieuses.
Mais les réactions à cette crise de médiation semblent presque inexistantes. Les propos toxiques en ligne blessent non seulement la dignité individuelle, mais sapent également la cohabitation.
Dès ses premiers propos, Assimi Goïta a pourtant plaidé pour un rassemblement des fils de la nation malienne. Cette vision est malheureusement mise ne péril. Les fractures au sein de la société malienne semblent s’approfondir, menaçant les efforts déjà précaires de réconciliation et d’unité. La lueur d’espoir allumée par la perspective de la médiation est absorbée par les ténèbres de l’incertitude.
Drissa Togola