Invité de France Info ce lundi 11 septembre 2023, Dominique de Villepin s’est prononcé sur la tension diplomatique entre la France et le Niger, après le putsch du 26 juillet dernier. Contrairement à Emmanuel Macron qui rejette tout dialogue avec les putschistes, l’ancien ministre des Affaires étrangères sous Jacques Chirac pense qu’il ne « faut jamais cesser de se parler ».
« Faisons en sorte de ne pas aggraver les choses »
Pour cela, Paris dispose de nombreux « canaux ». « On n’est pas obligé de le faire par la voix du président de la République ou de la ministre des Affaires étrangères. Il faut se comprendre. Il faut savoir là où il y a des points de friction. Là où les choses peuvent être arrangées. Rien n’est pire que la table vide et la crise. Si on veut qu’il y ait une solution rapide à la crise, faisons en sorte de ne pas aggraver les choses et trouvons les moyens de faire avancer les choses. Beaucoup de pays amis peuvent servir d’intermédiaire pour faire passer des messages. Il y a la Cedeao, le Nigeria et d’autres pays francophones », a déclaré Dominique de Villepin.
Il conseille aux dirigeants français de ne pas camper sur leur position. « Le pire, c’est de se durcir, de camper sur sa position et de penser qu’on a raison. On peut être ferme, mais pas au détriment de la recherche de solutions. Ne nous refermons pas sur nous-mêmes avec le sentiment d’avoir raison. Le but des peuples de cette région, c’est la sécurité. Ne faisons pas la politique du pire », a-t-il exhorté, non sans souligner la « profonde méconnaissance de la France des nouvelles réalités des sociétés africaines ».
« Pour les Africains, l’emblème de la Françafrique c’est la présence militaire »
En effet, d’après le diplomate, L’Afrique compte une jeunesse très importante. Et « cette jeunesse s’informe sur les réseaux (sociaux) ». La France n’a pas forcément « les moyens d’accéder à elle ».
« Nous fonctionnons très à l’ancienne », constate l’ancien ministre. Les relations entre Paris et les capitales africaines sont « encore marquées par l’empreinte néocoloniale. On rejette l’idée de la Françafrique, mais pour les Africains, l’emblème de la Françafrique, c’est la présence militaire (ce qui conduit à un rejet de la France). La présence militaire française ne peut plus se faire sur le mode traditionnel : le mode des interventions, des bases. Tout ceci est dépassé. Donc, il faut le faire dans le cadre de la coopération choisie et dans le respect de la souveraineté de ces États et nous avons pu apparaître dans les dernières années comme ne respectant pas toujours cette souveraineté », a reproché M. de Villepin.