Un représentant du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) et un autre du Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), deux mouvements politico-militaires en conflit avec le gouvernement de Ndjamena, ont haussé le ton, quelques jours après des menaces proférées le 20 août depuis l’extrême nord du pays par le président de transition Mahamat Idriss Déby.
Au Tchad, la paix semble rompue entre le pouvoir militaire de Ndjamena et deux mouvements politico-militaires présents dans la zone frontalière désertique et montagneuse entre le Tchad et la Libye.
Le 11 août, date symbolique qui marque le jour de l’indépendance au Tchad, l’armée tchadienne a été attaquée dans le Tibesti, zone septentrionale du pays, par des rebelles du Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR).
L’armée a répliqué en menant une frappe aérienne en Libye visant un camp du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact).
« Nous ne pourrons pas rester ainsi les bras croisés face à ces agressions »
Les récentes déclarations des chefs des deux mouvements laissent prévoir une période de tensions au Nord du Tchad. Pour Mahamat Barh Béchir Kindji, secrétaire général exécutif du Fact, c’est l’attaque de trop. « Nous ne pourrons pas rester ainsi les bras croisés face à ces agressions », a-t-il affirmé, tout en dénonçant la frappe aérienne qui a visé tout récemment leur base dans le sud libyen. Pour lui, ce n’est « qu’une diversion pour détourner le regard du calendrier électoral », alors qu’un référendum constitutionnel est prévu dans le pays le 17 décembre 2023.
Quant aux menaces proférées le 20 août depuis l’extrême nord du pays par le président de transition Mahamat Idriss Déby, ce ne sont pour Mahamat Barh Béchir Kindji que « des rhétoriques de fils à papa », en référence au père de Mahamat Idriss Déby, l’ancien président Idriss Déby mort en avril 2021. Le président de transition s’était exprimé dimanche en direct sur les réseaux sociaux.
De son côté, Issa Ali Youssof, membre du bureau exécutif du CCMSR, promet également d’attaquer « au moment opportun ». Pour lui, les discussions de Doha, organisées en 2022 entre le gouvernement de transition et les nombreux mouvements politico-militaires basés à l’extérieur du pays, ce n’était qu’un « monologue ». « Nous y avons participé mais nous ne sommes pas signataires », lance-t-il. La junte est fragilisée, selon lui : « Notre objectif est de libérer le peuple tchadien du système répressif qu’il subit depuis longtemps. »