L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a fait état d’au moins 23 morts dimanche dans des combats entre l’armée syrienne et des factions pro-turques dans le nord-est de la Syrie. Les combats ont éclaté après que des combattants pro-Ankara ont tenté de s’infiltrer dans la région.
Des combats entre l’armée syrienne et des factions pro-turques ont fait au moins 23 morts dimanche 3 septembre dans le nord-est de la Syrie, après que des combattants pro-Ankara ont tenté de s’infiltrer dans la région, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Les affrontements ont fait « dix-huit morts parmi les factions (pro-turques) et cinq parmi les forces du régime » dans la province de Hasakeh, a précisé Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH basée au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie. Ils ont eu lieu dans la région de Tal Tamr, dans le nord-ouest de la province de Hasakeh, tenue par les Kurdes, selon l’OSDH.
Des factions de la coalition de groupes rebelles soutenus par Ankara, connue sous le nom d’Armée nationale syrienne, avaient tenté de s’infiltrer dans la région plus tôt dans la journée, a ajouté la même source.
L’armée syrienne et les combattants locaux affiliés aux Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes ont réagi, ce qui a entraîné des pertes, a ajouté l’Observatoire.
« Zone de sécurité »
La zone de Tal Tamr se trouve près d’une bande frontalière sous le contrôle d’Ankara et de ses forces supplétives.
Depuis 2016, la Turquie a lancé plusieurs incursions contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie, qui ont permis à Ankara de contrôler des zones le long de la frontière.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan cherche depuis longtemps à établir une « zone de sécurité » de trente kilomètres de profondeur sur toute la longueur de la frontière avec la Syrie.
Un accord conclu en 2019 sous l’égide de la Russie a permis aux forces gouvernementales syriennes de se déployer le long de certaines parties de la zone frontalière en échange de l’arrêt par la Turquie d’une offensive qu’elle avait entamée.
Par ailleurs, dans la province voisine de Deir Ezzor, dans l’est du pays, des affrontements meurtriers ont opposé cette semaine les FDS soutenues par Washington et des groupes arabes locaux. Ces violences ont tué 23 combattants des FDS, 39 combattants locaux et neuf civils, selon un nouveau bilan de l’OSDH dimanche.
Les FDS ont arrêté le 27 août Ahmad al-Khabil, le chef du Conseil militaire de Deir Ezzor, un groupe local arabe armé pourtant affilié aux FDS, déclenchant les hostilités entre les deux camps dans les zones sous contrôle kurde de la province.
Les FDS ont instauré samedi un couvre-feu de 48 heures, accusant des « mercenaires (…) liés au régime » de vouloir « semer la discorde », entre leurs forces et les tribus arabes.
« Répondre aux préoccupations des habitants »
Le sous-secrétaire d’État adjoint américain aux affaires du Proche-Orient, Ethan Goldrich, et le major général Joel Vowell, commandant de la coalition internationale luttant contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), ont rencontré dans le nord-est de la Syrie des membres des FDS et des dirigeants tribaux de Deir Ezzor, a indiqué dimanche l’ambassade des États-Unis dans un communiqué.
Les participants ont souligné la nécessité de « répondre aux préoccupations des habitants », de se prémunir contre « les ingérences extérieures » dans la province, d’éviter les pertes civiles et de « réduire la violence dans les plus brefs délais », a-t-elle ajouté. Ethan Goldrich et Joel Vowell ont réaffirmé l’importance du partenariat entre Américains et FDS dans la lutte contre l’EI.
Les FDS ont en effet été le fer de lance de l’offensive qui a défait l’EI en Syrie en 2019. Elles contrôlent une zone semi-autonome kurde dans le Nord-Est du pays, y compris des pans entiers de la province de Deir Ezzor.
Cette province majoritairement arabe est traversée par le fleuve Euphrate, avec les FDS à l’Est et sur la rive Ouest les forces prorégime et des groupes soutenus par l’Iran.La région compte également des forces de la coalition internationale, essentiellement américaines.
La zone semi-autonome kurde gère la région par l’intermédiaire de conseils civils et militaires locaux, afin d’éviter de mécontenter les tribus locales, presque toutes arabes.
Le deuxième jour du couvre-feu a été relativement calme, avec seulement un village où des tensions semblent persister parmi les cinq touchés par les récentes tensions, a affirmé à l’AFP le porte-parole des FDS, Farhad Chami.
Le conflit en Syrie, déclenché en 2011 a fait plus d’un demi-million de morts et a morcelé le pays.
Avec AFP