Un des chefs djihadistes historiques du dernier bastion rebelle de Syrie, Abu Maria al-Qahtani, cofondateur du Front Al-Nosra, a été tué dans un attentat suicide, ont annoncé vendredi 5 avril son organisation et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS) dont il était membre, aux commandes dans la région rebelle d’Idleb (nord-ouest), a imputé l’assassinat au groupe djihadiste concurrent Etat Islamique (EI). Al-Qahtani «a péri en martyr dans une lâche attaque menée par un membre de l’EI équipé d’une ceinture explosive», à Sarmada, au nord d’Idleb, a indiqué le site d’information de HTS, Amjad. L’OSDH, une ONG qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, a confirmé cet attentat, sans toutefois se prononcer sur son origine. L’attaque n’a pas été revendiquée à ce stade. Deux personnes qui accompagnaient al-Qahtani ont été grièvement blessées dans l’explosion, selon l’OSDH.
Al-Qahtani avait été libéré le 7 mars de prison, où il avait passé sept mois pour «trahison», avant d’être blanchi par le HTS et libéré. Né en 1976 en Irak, Al-Qahtani, de son vrai nom Maysar Ali Musa Abdallah al-Juburi, figurait depuis 2012 sur la liste des personnes sanctionnées par les États-Unis pour ses liens avec le groupe Al-Qaïda, dont le Front Al-Nosra, devenu plus tard HTS, était l’émanation en Syrie. Il figurait également depuis 2014 sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies, selon qui il avait «quitté Mossoul (Irak) pour rejoindre la Syrie en 2011» afin «d’amener l’idéologie d’Al-Qaïda» dans ce pays. Il était devenu en 2012 «le principal commandant religieux et militaire du Front Al-Nosra dans l’est de la Syrie et dirigeait aussi un camp d’entraînement pour le réseau», selon cette source. Considéré comme un membre de l’aile «modérée» du Front Al-Nosra, il avait toutefois par la suite plaidé pour une rupture de celui-ci avec Al-Qaïda.