Président du Suriname de 2010 à 2020, Desi Bouterse avait aussi été condamné à onze ans de prison en 1999 aux Pays-Bas pour trafic de cocaïne
Au Suriname, la police est aux trousses d’un ancien président. Un mandat d’arrêt a été lancé mercredi contre Desi Bouterse, condamné en appel le 14 décembre à vingt ans de prison pour l’assassinat de 15 opposants en 1982.
Agé de 78 ans, Desi Bouterse, qui a comparu libre à son procès en appel, n’avait pas assisté à la lecture de sa condamnation. Il devait se présenter le 12 décembre à la prison mais n’a pas répondu à la convocation.
La police diffuse seulement une vieille photo
« Toute personne pouvant fournir des informations sur l’endroit où se trouve ce condamné est priée de contacter le Département des crimes capitaux », a indiqué la police en publiant une vieille photo de mauvaise qualité de Desire Delano Bouterse alors qu’il existe d’innombrables photos de l’ancien président. La police a également lancé un mandat d’arrêt contre l’ancien garde du corps de Bouterse, Iwan Dijksteel, co-condamné.
Le parquet a pour sa part diffusé un communiqué esquissant d’autres détails de l’affaire. Il assure avoir donné son accord à une « demande écrite » de Me Irvin Kanhai, avocat de l’ancien président, pour que celui-ci se rende non pas à la prison mais à un complexe médico-hôtelier à environ 5 kilomètres de son domicile. « Malheureusement », ni Desi Bouterse ni Iwan Dijksteel « ne se sont présentés » respectivement à l’hôpital et la prison.
« Ils ont ensuite été recherchés à leur adresse de résidence dans la matinée, mais n’ont pas été retrouvés », indique le texte du parquet, soulignant qu’« au niveau international, cette recherche sera effectuée par Interpol ». En 1999, Interpol avait déjà émis un mandat d’arrêt contre Desi Bouterse après sa condamnation à onze ans de prison aux Pays-Bas pour trafic de cocaïne. Son statut de dirigeant l’avait cependant protégé de l’extradition.
Vendredi, son épouse, Ingrid Bouterse, a indiqué qu’il refusait d’être incarcéré. « Il a bénéficié d’une amnistie et c’est pourquoi nous voulons répondre politiquement », a-t-elle dit faisant allusion à une loi d’amnistie votée par le parlement en 2012 alors que Desi Bouterse était président.
Les allusions menaçantes de « Bouta »
Quelques jours avant sa condamnation, des milliers de ses partisans se sont rassemblés au siège de son parti aux cris de « Free Bouta » (Libérez Bouta), son surnom. Dans un discours, le même jour, Desi Bouterse avait appelé au calme : « Ne semons pas la pagaille. Nous allons tenir jusqu’aux élections de 2025 ». Il avait toutefois souligné : « les choses peuvent déraper », allusion à de possibles troubles que pourrait provoquer son incarcération.
Auteur de deux coups d’Etat, l’ancien homme fort de l’armée, qui dirigeait une junte en 1982, a été élu président du Suriname en 2010 et l’est resté jusqu’en 2020. Lors du procès, il avait admis avoir entendu des coups de feu le jour de l’exécution des opposants, mais nié en avoir donné l’ordre.