Des voix s’élèvent pour pointer du doigt l’aide déployée pour retrouver le sous-marin, contrastant avec l’absence d’aide fournie aux migrants en détresse en Méditerranée.
Un navire français équipé d’un robot sous-marin dérouté spécialement sur place, des avions des gardes côtes américains, deux avions canadiens… Le compte à rebours est lancé pour tenter retrouver le sous-marin parti explorer l’épave du Titanic avec cinq personnes à son bord, et alors que les réserves d’oxygène à bord arriveront à épuisement jeudi 22 juin vers 11 heures.
Des moyens colossaux ont été déployés pour tenter de retrouver le sous-marin et de sauver les cinq passagers dont trois touristes ayant dépensé 250 000 dollars chacun (229 000 euros environ), même si les recherches s’annoncent compliqués, selon les experts.
Indignation du PCF à Laurent Berger
Une course contre la montre qui suscite une large couverture médiatique et qui intrigue. Mais les moyens mis en oeuvre font grincer des dents plusieurs observateurs, de Laurent Berger au PCF en passant par David Cormand, député européen EELV.
Un contraste saisissant avec l’aide envoyée en Méditerranée
“C’est normal d’essayer de sauver les personnes dans ce sous-marin. Mais quand on voit que notre société est en capacité de mettre des moyens techniques impressionnants, pour sauver dans l’urgence ce sous-marin, alors qu’à coté de chez nous, en Méditerranée, des dizaines de personnes meurent parce qu’on ne leur vient pas en aide c’est terrible”, déplore le député européen David Cormand en écho notamment au déploiement spéciale du robot “Victor 6000”, qui appartient à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), un établissement public à caractère industriel et commercial sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
On estime que plus de 1000 personnes ont perdu la vie en mer Méditerranée depuis le début de l’année, dont au moins 600 la semaine dernière lors de naufrages d’embarcations.
“Il y a une déshumanisation des réfugiés, qui ne sont plus que des chiffres”
“Ces morts en Méditerranée, ce n’est pas parce qu’on leur vient pas en aide, c’est pire, c’est parce qu’on organise leur non secours, avec l’obstruction aux navires humanitaires, qu’on stigmatise en les accusant d’agir avec la complicité des passeurs, ou en déléguant à la Libye le contrôle des frontières de l’UE”, poursuit David Cormand pour poursuivre la comparaison avec le déploiement important de moyens pour retrouver le sous-marin parti explorer l’épave du Titanic.
Un contraste saisissant de moyens mis en oeuvre révélateur d’une évolution de la société, estime le député : “On a quelque part intériorisé que toutes les vies n’ont pas la même valeur, on s’identifie davantage à des vies, qu’à d’autres. Il y a une déshumanisation des réfugiés, qui ne sont plus que des chiffres. L’empathie est en train de nous quitter, à l’image de la minute de silence demandée à l’Assemblée nationale mais qui a été refusée”, s’alarme le député européen.
Une minute de silence refusée à l’Assemblée
La semaine dernière, on estime qu’”environ 600″ migrants sont décédés au large de la Grèce : parmi les 750 passagers, seuls 78 corps ont été retrouvés et on compte 104 rescapés. Le député de la Nupes Aymeric Caron a demandé une minute de silence, refusée par la présidente de l’Assemblée pour une raison de procédure.
“Mes chers collègues, je trouve qu’effectivement cette idée est formidable mais la conférence des présidents est là pour ça, pour que nous puissions décider collectivement des moments dans lesquels, dans cet hémicycle, nous honorons les personnes disparues”, a-t-elle argué. Un argument qui n’a pas convaincu les députés de gauche, qui déplorent le manque d’improvisation de Yaël Braun-Pivet.
Matthieu Brandely
Source: https://www.yahoo.com/