Lors de son dernier sommet à Abuja au Nigeria, la Cedeao a reproché à la junte guinéenne de prendre unilatéralement des décisions en ce qui concerne la mise en œuvre du programme de la transition. Selon l’organisation communautaire, Conakry est réticent à l’idée de collaborer avec elle à ce propos.
Dans une récente interview accordée à « Africaguinée », le ministre guinéen de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, a rappelé que le gouvernement avait déjà son chronogramme.
« Ils ont donné l’assurance qu’ils vont mobiliser les partenaires techniques et financiers »
La Cedeao « est venue nous dire qu’elle veut accompagner la Guinée afin que la transition soit bien menée dans un délai raisonnable. Nous avons marqué notre accord. La Cedeao a envoyé des experts avec lesquels nous avons travaillé. Nous avons présenté le chronogramme de la transition que les experts ont pris soin de présenter dans une matrice qu’ils ont élaborée. Après ils nous ont dit que le chronogramme peut être exécuté en deux ans à condition que les ressources financières soient mobilisées. Sur cette question de ressources, ils ont donné l’assurance qu’ils vont mobiliser les partenaires techniques et financiers pour trouver les ressources nécessaires afin de nous accompagner. Nous avons marqué notre accord » a expliqué M.Condé. Mais jusqu’à présent, force est de constater que le financement tarde à arriver.
« Communication superficielle »
Lorsqu’on a demandé au « médiateur (Boni Yayi) où est-ce qu’on en est par rapport à la mobilisation des ressources, il a répondu en disant que pour le moment, il n’y a pas d’argent », informe l’autorité.
Le gouvernement guinéen avait déjà anticipé allant chercher du financement. « Cette année, et même l’année dernière (on a mobilisé), énormément de ressources pour financer une bonne partie du chronogramme », assure le ministre. La Cedeao qui n’est visiblement pas au courant, « se dit que depuis qu’elle nous a laissés pour dire qu’elle partait trouver l’argent, rien à bouger » estime M. Condé, non sans critiquer la «communication superficielle » de l’organisation communautaire.
C’est « le 10 décembre que la Cedeao s’est rendue à l’évidence que Bazoum n’était plus le chef de l’État »
C’est d’ailleurs ainsi qu’elle fonctionne dans l’ensemble des pays en transition de la sous-région, fait remarquer l’autorité. « L’intervention de l’armée au Niger, c’est depuis le 26 juillet. Mais ce n’est que le 10 décembre dernier que la Cedeao s’est rendue à l’évidence que Bazoum n’était plus le chef de l’État. Pour une institution régionale qui nous gouverne, c’est assez déplorable qu’elle ait des analyses aussi superficielles », a regretté le ministre guinéen de l’Administration du territoire et de la Décentralisation.