La consommation de la drogue par les jeunes de Sirakoro s’amplifie de jours en jours. Ce sont les jeunes de 18 à 25 au plus que s’adonnent à la consommation de cannabis ou de chanvre indien. Cette zone périphérique est considérée comme un lieu de rassemblement dans la nuit. Avant, les jeunes garçons étaient ceux qui fumaient. Avec la chicha, les filles ont profité pour faire partie du clan.
Tout commence, chez les jeunes, par la volonté de faire genre, de ressembler à d’autres, de s’amuser, avant de tomber dans la dépendance. Les parents ne contrôlent plus les enfants, ils sont éduqués par la rue. La mauvaise fréquentation joue beaucoup sur les enfants.
Sirakoro Meguétana, pendant la nuit, ce sont les jeunes villageois qui se rassemblent sur un lieu connu par tout non loin du marché. Bagarres, jurons, menaces, bruits de motos taxis, fumées de chanvres…les désagréments sont nombreux pour les habitants du quartier.
Ces jeunes de 18 à 30 ans, sont tous déjà dépendants. « Aujourd’hui, nous voyons des fils à papa consommer ce cannabis. Ce qui est inquiétant, c’est que la consommation s’amplifie de jour en jour. Ils le consomment maintenant dans les grins. Les lycéens sont les plus touchés », affirme une habitante du quartier, inquiète.
Pire encore, la multiplication de la folie juvénile relève en grande partie, cette consommation. L’accessibilité à ces produits est trop facile. Ce qui permet d’augmenter la consommation par bon nombre de jeunes.
- D. est un consommateur de cannabis. Il est âgé de 27 ans. « Depuis quatre ans, je suis rentré dans ce milieu. J’ai commencé à fumer le cannabis par déception, j’ai raté le bac et je n’avais personne pour me consoler et quand je fume ça me met à l’aise. Il me fait oublier mes soucis ».
Oumou, ménagère, témoigne : « mon beau-frère fume cette drogue depuis plus de 5 ans. Maintenant, il devient de plus en plus calme et silencieux. Il marche, le chapelet en main et fréquente très souvent la mosquée. Ce qui nous fait peur. Nous prions pour que ça ne soit pas le début d’une folie. Mais pour son cas, la faute incombe aux parents particulièrement sa maman qui cachait ses inconduites à ses grands frères. Aujourd’hui, elle ne fait que pleurer ».
Les consommateurs évitent les patrouilles, connaissent tout des programmes et des véhicules de la police.
Korotoumou Doumbia
SIRAKORO MEGUETANA
Un nid permanent d’insécurité
En proie au banditisme, à la délinquance et à la criminalité, Sirakoro Meguetana devient de plus en plus un quartier où il ne fait pas bon vivre.
A Sirakoro Meguetana, les actes de banditisme, de délinquance et de criminalité sont monnaie courante. Il est clair que ce phénomène constitue un véritable danger pour la population. Face à un nombre incalculable et récurent de cas, les habitants craignent de plus en plus pour leur sécurité. Cela, bien que la Police explique faire de son mieux pour endiguer le phénomène.
« Généralement, ils repèrent des points de vente supposés faire des gros chiffres d’affaires avant de passer à l’acte. Les bandits que nous avons arrêtés étaient connus du milieu. Ils opéraient avec 4 motos, un pistolet-mitrailleur et un pistolet automatique. L’enquête est toujours en cours. D’ici là, les 5 braqueurs ont été mis à la disposition du parquet de la Commune VI du district de Bamako », nous a narré Alassane Touré, policier.
Comme son collègue, Oumar Diop du même Commissariat rappelle un cas similaire qui s’est produit 3 mois après celui de septembre. « Le 31 décembre 2022, 6 braqueurs voulaient arracher la moto d’un taximan. Mais heureusement pour la victime, les personnes qui étaient à proximité ont pu mettre la main sur l’un d’entre eux. Bastonné jusqu’à l’arrivée des policiers, celui-ci a été transporté urgemment à l’hôpital. Par la suite, le professionnalisme du Commissaire Fanthily Coulibaly et ses éléments a aidé à arrêter les autres complices. Tel un gang bien rodé, ces jeunes avaient à leur possession une vingtaine de motos avec plusieurs fausses factures et de faux cachets », explique notre interlocuteur.
Victime d’un cambriolage, Seydou Djibo, jeune commerçant au marché de Sirakoro Meguetana, explique sa mésaventure : « Bien que j’aie une charge énorme à supporter, je suis obligé de fermer tôt mon commerce de peur d’être la cible des bandits. Malgré ce sacrifice, je n’ai pas été épargné. Le jour où ce malheureux incident s’est produit, j’avais oublié un effet dans ma boutique dont j’avais besoin de toute urgence. Pour le récupérer, j’ai envoyé un frère. Ce dernier aurait dû oublier de bien fermer la boutique. Ce que je ne peux affirmer d’ailleurs. Mais le lendemain on a découvert que les cambrioleurs avaient presque tout pris dans la boutique alors que la porte n’avait aucun impact d’effraction. »
Phénomène notoire, l’insécurité semble avoir de beaux jours devant elle à Sirakoro Meguetana tant la cause est profonde et constitue l’un des défis majeurs à relever par les autorités du pays selon des résidants. « A cause du chômage, de milliers de jeunes s’adonnent à la délinquance et autres formes de violence. Ils sont parfois pervertis par une mauvaise fréquentation avec d’autres jeunes de leur âge qui consomment toute sorte de stupéfiants », a révélé un habitant qui a requis l’anonymat.
Afin de contribuer à l’amélioration de la situation sécuritaire, certains habitants interpellent le gouvernement malien à résoudre, au préalable, les problèmes qui sont à la base de l’insécurité à savoir le chômage et la corruption. « La population a besoin d’être informées, sensibilisées, conscientisées, formées pour mieux se protéger. Les jeunes en particulier ont besoin de sortir de leur situation de chômage et de précarité favorisée par la corruption », a proposé Dr. Charles Diakité, habitant du quartier.
Maïmouna Fakaba Sissoko
(Stagiaire)