Du déjà-vu. Les régimes, qui se sont succédés, ont tous adopté un pacte pour, dit-on, apaiser le climat social. Malheureusement, le réveil a été brutal pour eux. Celui de la transition a une particularité. Il a été signé avec des centrales syndicales cooptées par les militaires pour former et légitimer leur pouvoir. De qui se moque-t-on ?
Placé sous la présidence du colonel Assimi Goïta, président de la transition, le Pacte de stabilité sociale et de croissance a été signé entre le gouvernement, les syndicats et le patronat. C’était vendredi 25 août au Centre international de conférence de Bamako (CICB). Son objectif général est de favoriser l’instauration et la consolidation d’un climat social apaisé, propice à l’émergence économique, à travers une transformation structurelle de l’économie. Il est bâti autour de sept chapitres découlant des recommandations de la conférence sociale tenue du 17 au 22 octobre 2022. Le plan d’action 2023-2025 du pacte compte 65 domaines et 125 activités programmées. Ces activités portent entre autres sur l’extinction des procès-verbaux de conciliation avec les syndicats des travailleurs, l’organisation des élections professionnelles et de représentativité, l’adoption d’une politique de travail, etc.
Certes, le Pacte de stabilité sociale et de croissance est une des recommandations des Assises nationales pour la refondation (ANR) organisées en décembre 2021, mais il constitue un document mort-né pour plusieurs raisons. D’abord, il a été signé avec des centrales syndicales qui ont été cooptées par les militaires pour former et légitimer leur pouvoir en siégeant dans les organes de la transition. Ensuite, c’est un désaveu pour les organisations syndicales n’appartenant à aucune centrale syndicale du pays. Et enfin, les dirigeants des centrales syndicales qui ont signé le document ne bénéficient plus de crédibilité auprès de leurs syndiqués depuis qu’ils ont accepté d’accompagner le gouvernement de la transition en piétinant leurs revendications pour des fauteuils dorés. C’est pour dire que le climat social est loin d’être apaisé.
Tant mieux, si le Pacte pour la stabilité sociale et de croissance parvient à apaiser le climat, déjà pollué par une crise politico-économique. Mais ce qu’il faut dire, c’est du saupoudrage. Et c’est du déjà-vu. Tous les régimes, qui se sont succédé, ont adopté un pacte pour, dit-on, apaiser le climat social. Malheureusement, le réveil a été brutal pour les initiateurs de cette fuite en avant. Du régime du général Moussa Traoré au président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) en passant Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré (ATT), les pactes signés n’ont pas répondu aux attentes des syndicats et ils ont volé en éclats pour non-respect des engagements. Et les grèves ont repris de plus belle avec des conséquences incalculables pour le citoyen malien.
En tout cas, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), la Centrale syndicale des travailleurs du Mali (CDTM), en matière de syndicalisme, ne sauraient contenir leurs militants à respecter le Pacte de stabilité sociale et de croissance. Dans la mesure où ils ont sacrifié les intérêts de leurs militants pour des postes à responsabilité dans les instances de la transition. La grève des syndicats des hôpitaux sont l’illustration parfaite que l’UNTM ne contrôle pas ses troupes.
Il ne cherche qu’à sauver les apparences. À masquer l’échec du gouvernement à faire face au coût de la vie qui ne cesse d’étouffer les chefs de famille. Et une autre opportunité d’enrichissement pour des parents, amis qui vont siéger dans une commission avec des avantages énormes.
Safounè KOUMBA