Un embryon viable de 14 jours a été développé sans spermatozoïdes, ni ovules ou utérus. Si cela peut paraître futuriste, cette avancée scientifique a bien été réalisée par des chercheurs israéliens de l’Institut Weizmann.
Un scénario digne d’un film de science-fiction. Des chercheurs de l’Institut Weizmann à Israël ont créé un embryon humain sans sperme ni ovule. À la place, ils expliquent dans un article paru dans Nature le 6 septembre avoir utilisé des cellules souches, ces fameuses cellules « mères » capables de se spécialiser dans n’importe quel rôle.
Cultivés en dehors de l’utérus, ces embryons ont grandi jusqu’au jour 14 et possédaient toutes les caractéristiques de croissance à ce stade : le précurseur du placenta, le sac vitellin, le sac chorionique et d’autres tissus externes assurant la croissance de l’embryon.
De manière surprenante, ces embryons ont connu un développement sans encombre.
« Il s’agit du premier modèle d’embryon qui présente une organisation structurelle des compartiments et une similarité morphologique avec un embryon humain au 14e jour », a déclaré le professeur Jacob Hanna, qui a dirigé l’étude publiée dans la revue « Nature » mercredi dernier, à la BBC.
Selon les scientifiques auteurs de cette recherche, l’objectif est de pouvoir intensifier les recherches sur les premiers moments de la vie humaine encore mal compris par les scientifiques sans recourir aux embryons humains. Ce qui pose des problèmes juridiques, éthiques et techniques.
« C’est une boîte noire, et ce n’est pas un cliché: nos connaissances sont très limitées », a ajouté le professeur au média britannique. Cette étude aurait déjà permis de savoir par exemple que certaines parties de l’embryon ne se forment pas si les premières cellules du placenta ne l’entourent pas.
Si cette avancée scientifique vise à surpasser un problème éthique, elle soulève une autre question: serait-il possible de parvenir à une grossesse avec ces modèles d’embryons ? D’après le Dr Peter Rugg-Gunn qui étudie le développement embryonnaire à l’Institut Babraham au Royaume-Uni, la réponse est non.
« Ce modèle d’embryon ne pourrait pas se développer s’il était transféré dans un utérus, parce qu’il contourne l’étape nécessaire pour s’attacher à la paroi de l’utérus », a-t-il affirmé.
Ce dernier a toutefois souligné que ces travaux, et d’autres études similaires soulèvent d’importantes considérations éthiques et font l’objet d’évaluation et de discussions approfondies sur la scène internationale.