Moussa Timbiné, membre fondateur du Rassemblement Pour le Mali (RPM), après avoir tenté plusieurs fois d’éviter la dérive au sein du regroupement, se sauve avec l’héritage de feu Ibrahim Boubacar Keïta, pour créer la Convergence 2023. Il n’est pas seul dans cette aventure, il emporte avec lui celles et ceux qui partagent la vision du père fondateur, notamment tous les bureaux des sections, sous-sections et comités RPM de la commune V. Du moins, c’est ce qui ressort de sa déclaration faite le 5 janvier dernier.
« Au regard de notre volonté de nous assumer, pour continuer la lutte pour l’idéal qui a fondé le parti sous le leadership d’Ibrahim Boubacar Keïta, paix à son âme et de tous ses illustres camarades il y a de cela 21 ans, que nous annonçons aujourd’hui notre démission de toutes les instances du parti. Nous sommes des militants de la cause des Maliens. Nous ne pouvons être l’otage d’une aventure incertaine ou d’un intérêt personnel. J’annonce donc, solennellement ma démission du RPM et celle de l’ensemble des membres des bureaux des sections, des sous-sections et des comités du parti, de l’Union des Femmes RPM (UFRPM) et de l’Union des Jeunes du RPM UJRPM de la commune V du district de Bamako. Notamment les militants de Bacodjicoroni, de Badalabougou, de Daoudabougou, de Sabalibougou Nord et Sud, de Torokorobougou, de Kalabancoura 1 et 2, de Garantiguibougou et du Quartier Mali, signataires de la présente déclaration », a déclaré Moussa Timbiné, ancien député et ancien président de l’Assemblée nationale du Mali.
Dans la même dynamique, il a invité les camarades militants, militantes et sympathisants du RPM, les clubs, associations et mouvements de soutien aux idéaux du feu IBK, tous les filles et fils du pays épris de paix et de justice, à tous ceux et celles qui partagent leur vision à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, de les rejoindre au sein du Mouvement Convergence 2023 afin de créer une nouvelle formation politique en adéquation avec leurs aspirations politiques.
D’après lui, l’héritage du feu IBK tend à être dévalorisé, vendu à vil prix par des comportements dont la nature les sidère et qui les interpelle au plus profond de leur âme de militant et de compagnon de lutte. En effet, selon Timbiné, le dépassement du délai statutaire du congrès initialement prévu pour le 23 octobre 2019, les prises de décisions anti-statutaires lors des troisièmes assises du comité central, le refus de l’ex-président du parti, Dr. Bokary Tréta, d’accorder une motion en l’honneur de feu le président IBK, fondateur du RPM, lors des troisièmes assises du comité central du parti, la mise en place des sections parallèles au mépris des textes, le refus catégorique d’appliquer la décision de la Cour d’appel de Bamako, qui a déclaré le BPN-RPM forclos sur la base de l’article 32 des statuts du parti, sont entre autres les raisons de sa démission avec l’héritage de son mentor, feu Ibrahim Boubacar Keïta. A ses dires, cette situation a établi non seulement des sentiments d’inquiétude auprès des militants et militantes qui aspirent à se présenter aux élections communales et législatives, mais aussi des hésitations dans l’esprit des militants à continuer de militer dans un parti sans perspective claire, sans cohésion, plutôt habité par le démon du clanisme.
Pour rappel, la situation s’est dégradée bien avant la chute du régime IBK, notamment avec la tentative d’un clan du parti de barrer la route à Timbiné lors des élections législatives 2020 en commune V du district de Bamako. Heureusement, le défunt IBK avait compris le jeu, il avait confiance aux jeunes de son parti, cette confiance a finalement porté le jeune Moussa Timbiné au perchoir de l’Assemblée nationale du Mali. Malheureusement c’était mal connaitre les vieux qui n’avaient pas abandonné leur projet. Vous connaissez la suite, le coup d’Etat est passé par-là.
« Le problème au sein du RPM est loin d’être une question d’héritage. Nous avions été des compagnons fidèles d’IBK mais lorsque le régime d’IBK a connu un soubresaut en 2018, ceux qui ne sont pas prêt à se reconnaitre dans la gestion d’IBK se sont démarqués. Nous nous avions été avec IBK, nous avions cheminé ensemble, et même après la chute de son régime, nous nous sommes assumés par rapport à son bilan et à son héritage. Tous ceux qui sont prêts à s’assumer et à reconnaitre les mérites et les échecs de l’homme, peuvent se considérer déjà comme étant ses héritiers. Ceux qui se démarqueront en refusant de reconnaitre les échecs d‘IBK se sont naturellement exclus de la liste des héritiers », avait expliqué Moussa Timbiné bien avant son départ du parti, au sein du Collectif pour la défense des statuts et règlements intérieur composé par plusieurs cadres du parti. Pour dire que sa vision a été toujours de renforcer l’unité et la cohésion au sein du parti, et veiller à ce que leur objectif soit partagé par l’ensemble des militants, comme le faisait feu IBK.
Tréta a refusé d’aller au congrès, alors que c’est un devoir moral pour tout militant d’être respectueux des textes du parti. Si feu IBK a su fonder un parti de valeurs et qui a su rassembler les fils et filles du Mali autour des valeurs humaines et sociales, d’honnêteté et de probité morale, Dr. Bokary Tréta pourrait-il tenir le flambeau après lui ? En tout cas, il n’y a nul doute que cette démission fera très mal au parti du tisserand, pour qui connait le courage, la détermination, l’engagement militant de Moussa Timbiné.
Moussa Sékou Diaby