L’homme d’affaires français, Tomi Michel est un sulfureux personnage connu des maliens. Il a été cité dans plusieurs dossiers de corruption et de délinquance financière sous le règne de son ami Ibrahim Boubacar Keïta : Achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires, formation d’agents de sécurité de la garde rapprochée d’IBK… Toutes ces affaires sont actuellement instruites par la justice malienne. Cependant, l’homme d’affaires français a disparu des radars à Bamako depuis la chute d’IBK.
En effet, le nom de cet homme d’affaires corse revenait sans cesse dans différentes enquêtes et rapports sous le règne de l’ancien président. Celui-ci n’hésitait pas à évoquer même la grande amitié qui le liait à Tomi. Entre les deux hommes, il existait, non seulement, des rapports d’amitié mais aussi une complicité sans limites, selon des témoignages. Aussi, l’ancien président, dans une interview, a un journal étranger, avait indiqué que l’homme d’affaires français était son frère. Cette relation avec le locataire de Koulouba avait ouvert les portes du palais présidentiel à un homme qui traitait avec plusieurs chefs d’Etat du continent. D’où plusieurs accusations et enquêtes de la justice française contre Tomi Michel surnommé par ailleurs « le parrain des parrains » de la mafia corse.
Ainsi, le nom de Tomi est apparu dans l’exécution de plusieurs marchés publics qui ont fait l’objet de malversations sous le règne d’IBK. Dans le lot, il y a le scandale de l’achat de l’avion présidentiel. Cette transaction (entachée d’irrégularités) avait provoqué beaucoup de commentaires au Mali et hors de nos frontières. En juin 2014, Tomi Michel a été mis en examen par la justice française pour, notamment, corruption d’agent public étranger, abus de confiance et recel d’abus de bien social.
Occasion pour les juges et les enquêteurs français de s’intéresser à l’origine de ses revenus et de chercher à savoir l’étendue de ses relations avec IBK. Il est à préciser que les relations entre les deux hommes avaient ouvert la voie aux spéculations depuis la campagne présidentielle de 2013. A cette époque, IBK avait bénéficié de l’appui précieux de l’homme d’affaires français. Celui-ci qui était propriétaire d’une compagnie de transport (Afrijet) assurait les déplacements du candidat de l’époque. Cependant, le corse a toujours démenti avoir financé sa campagne. Un argument battu en brèche par certains observateurs, selon lesquels, Tomi Michel a toujours agit ainsi. C’est-à-dire financer les campagnes de certains candidats au présidentiel (Gabon, Mali, Togo) pour ensuite bénéficier de largesses dans ces pays, au cas où…
Suite à son inculpation, il bénéficia finalement, en juin 2018, d’un « non-lieu » prononcé par la justice française. A l’époque, les juges ont estimé qu’il n’y a pas de charge suffisante contre lui. Malgré tout, cette inculpation de Tomi Michel avait eu des échos retentissants au Mali et à travers le monde. Et son amitié, au-delà, ses relations d’affaires avec le chef de l’Etat malien, à l’époque, étaient étalées sur la place publique. L’image d’IBK avait pris un sacré coup à cause de cette affaire.
Car au cours de son audition par les juges français, Tournaire et Robert, Michel Tomi avait été contraint de faire certaines révélations, notamment, les nombreux « cadeaux » offerts au président de l’époque. Autres cadeaux offerts : Une montre en or (Rolex), des costumes de luxe et des smokings. Ce n’est pas tout ! Le « parrain des parrains » a également indiqué qu’il a organisé des virées shoping à Paris pour la première Dame et la famille présidentielle. Il a avoué aussi avoir offert des smartphones et des iPads.
Enfin, c’est l’homme d’affaires corse qui, selon les enquêtes, réglait souvent les notes d’hôtel à « La Réserve » ou au « Franklin Roosevelt » deux palaces de haute gamme, lors des visites à Paris du président et de sa famille…
Dans le cadre de ces mêmes enquêtes, le bras droit de Michel Tomi, Marc Gaffajoli avait été aussi auditionné par la justice française. Marc Gaffajoli était le directeur d’Afrijet (une société basée au Gabon). Après cette audition, ce proche de Tomi Michel a été encore convoqué, en juin 2015 à Nanterre, par les policiers français. Ceux-ci enquêtaient dans le cadre d’un dossier judiciaire ouvert en France sur l’achat de l’avion présidentiel d’IBK. Selon la presse, les policiers français cherchaient à connaître le rôle de Marc Gaffajoli, dans cette transaction, qui aura couté au contribuable maliens un pactole estimé à 20 milliards de F CFA.
Le scandale de l’achat de l’avion présidentiel
Pour rappel, l’avion présidentiel acheté à l’époque avait provoqué beaucoup de commentaires et au-delà de nos frontières. Cet appareil, un Boeing 737, avait été acheté à la suite d’un montage financier opaque mêlant sociétés-écrans et hommes d’affaires douteux. Hors de toute inscription budgétaire, 20 milliards de francs CFA ont été sortis des caisses de l’Etat pour acquérir pour cette transaction. Or, le Boeing présidentiel n’était pas immatriculé au nom du Mali.
L’appareil a été immatriculé sur le registre de l’aviation civile de l’île d’Aruba (Antilles néerlandaises) située au large du Venezuela au nom de la société « Mali BBJ Limited ». Cette société a été constituée, le 7 mars 2014 à Anguilla (un territoire britannique d’outre-mer situé dans les petites Antilles), conformément à un mandat donné, le 5 mars 2014, à un avocat d’affaires par le gouvernement du Mali.
Selon certaines informations diffusées suite aux enquêtes, pour l’exploitation du Boeing présidentiel malien, le gouvernement d’Aruba a attribué une licence radio avec des fréquences à une société dénommée « Jet Magic Limited » située à St-Julian sur l’île de Malte ! En vue de l’utilisation de l’avion par le président du Mali, un contrat-bail a été signé entre le ministère de la Défense du Mali et la société “Mali BJJ Ltd” (société créée par le Gouvernement du Mali), indique-t-on…
Bref, l’histoire du Boeing présidentiel n’était autre qu’une histoire d’ « ingénierie » financière diabolique d’essence mafieuse, le tout, au détriment du trésor et du contribuable maliens.
Par ailleurs, l’homme d’affaires corse était cité dans d’autres affaires et scandales sous IBK, car, il opérait dans le secteur de la sécurité et des armements.
Ainsi, un site tunisien (Anakouss) révélait : Le parrain corse était mêlé à de nombreuses affaires au Mali. «Notre enquête prouve que cette entreprise est plus étendue que celle annoncée par le quotidien français. Selon nos informations, le parrain Tomi et son fils jean Baptiste disposent de passeports diplomatiques maliens».
Le même site indiquait que le groupe auquel était lié Tomi gérait des affaires juteuses liées de la présidence malienne, citant un contrat de plusieurs centaines de millions d’Euros et un autre contrat (militaire) de 105 millions d’Euros accordé à une société impliquée dans l’achat des équipement miliaires, signé le 13 novembre 2013.
Par ailleurs, le nom de Tomi revenait dans les activités du Pari mutuel urbain (PMU) qu’il aurait introduit en Afrique francophone. Il était aussi propriétaire d’un empire immobilier et industriel et possédait des casinos et des sociétés de courtage, selon Anakouss.
Selon un diplomate français, rencontré en juin 2013 à Bamako, « la force des Tomi, c’est qu’ils étaient proches d’IBK quand il n’était rien, ils ont du flair ».