Après le putsch du 26 juillet dernier au Niger, la CEDEAO a pris une batterie de sanctions économiques et politiques contre ce pays sahélien. En application de ces mesures punitives, le Bénin a, tout comme le Nigeria, fermé sa principale frontière avec le Niger.
Un coup dur pour le pays du général Tiani, qui dépend du Port autonome de Cotonou pour ses importations.
« Il m’est revenu que les barrages érigés à l’entrée du Niger… »
Récemment, Porto-Novo a accepté d’ouvrir un couloir humanitaire pour acheminer de l’aide aux peuples du Niger. Cette décision a été prise le 5 septembre dernier. Mais force est de constater que la junte nigérienne entrave l’acheminement de cette aide. C’est du moins ce qu’indique la correspondance que le ministre des Affaires étrangères béninois a adressée au président de la Commission de la CEDEAO, Omar Alieu Touray, hier lundi 18 septembre 2023.
« Je voudrais porter à votre connaissance qu’à la suite de la réception de votre correspondance du 25 août 2023 et des échanges que nous avons eus à ce sujet, le Bénin a pris les dispositions nécessaires pour ouvrir, depuis le 5 septembre 2023, un couloir humanitaire, afin de faciliter sur son territoire l’acheminement de l’aide destinée au peuple frère et ami du Niger. Toutefois, il m’est revenu que les barrages érigés à l’entrée du Niger, par des éléments des forces de défense et de sécurité de ce pays, continuent d’entraver l’acheminement de cette aide », s’est plaint le chef de la diplomatie béninoise Olushegun Adjadi Bakari.
Refroidissement des relations diplomatiques entre le Bénin et le Niger
L’autorité estime que la levée de tous ces blocages s’avère indispensable, pour « la réussite de l’opération humanitaire qui vise à améliorer les conditions de vie de la population nigérienne ».
Inutile de rappeler que Niamey et Porto-Novo se regardent en chiens de faïence depuis le putsch de juillet dernier. La junte a formellement accusé le Bénin d’autoriser « le stationnement des militaires mercenaires et matériels de guerre dans la perspective d’une agression voulue par la France (contre le Niger), en collaboration avec certains pays de la CEDEAO ». Elle a, par la même occasion, dénoncé un accord militaire signé entre les deux pays en 2022.
Il est clair qu’un climat de méfiance et de suspicion s’est installé entre les deux pays voisins. C’est peut-être ce qui justifie le maintien des barrages érigés à l’entrée du Niger.
En tout cas, le Bénin semble avoir montré sa bonne foi, en ouvrant ce couloir humanitaire. Le général Tiani doit peut-être se rendre à l’évidence que le Bénin n’est pas si méchant, au point de vouloir du mal au peuple nigérien.
Porto-Novo souffre aussi de la fermeture de la frontière avec son voisin. Selon la radio allemande Deutsche Welle, les activités au port de Cotonou tournent au ralenti depuis le mois dernier.