Le roi Charles III a affirmé à Nairobi qu’il ne pouvait « pas y avoir d’excuse » aux atrocités de la colonisation britannique commises contre les Kényans, sans toutefois demander pardon comme le lui réclamaient certains. « Des actes de violence odieux et injustifiables ont été commis à l’encontre de Kényans alors qu’ils menaient (…) une lutte douloureuse pour l’indépendance et la souveraineté. Et pour cela, il ne peut pas y avoir d’excuse », a affirmé le souverain britannique lors d’un dîner d’État mardi avec le président kényan William Ruto. « Rien de tout cela ne peut changer le passé, mais en abordant notre histoire avec honnêteté et ouverture, nous pouvons peut-être démontrer la force de notre amitié aujourd’hui et, ce faisant, nous pouvons, je l’espère, continuer à construire un lien toujours plus étroit pour les années à venir », a-t-il ajouté.
Un premier pas de son côté, William Ruto a déclaré que la réaction de la puissance coloniale aux mouvements d’autodétermination au Kenya avait été « d’une cruauté monstrueuse », jusqu’aux « pires excès de l’impunité coloniale ». « Le courage et la volonté » de Charles « de faire la lumière sur des vérités inconfortables » constituent un premier pas vers « des progrès allant au-delà des demi-mesures timides et équivoques de ces dernières années ». Charles III s’était auparavant rendu symboliquement sur les lieux de la proclamation de l’indépendance du Kenya, au premier jour de sa visite dans ce pays d’Afrique de l’Est, où se sont multipliées les demandes d’excuses. Cette visite de quatre jours, à quelques semaines du 60e anniversaire de l’indépendance de cette ancienne colonie, est la première de Charles III en tant que roi dans un pays du Commonwealth.
Ce déplacement de Charles, 74 ans, et de la reine Camilla, 76 ans, souligne « le partenariat solide et dynamique entre le Royaume-Uni et le Kenya », a affirmé l’ambassade britannique. Mais Buckingham a également affirmé qu’il serait l’occasion d’évoquer « les aspects les plus douloureux de l’histoire commune » des deux pays. Une ONG demandait des excuses « publiques inconditionnelles et sans équivoque » L’un des épisodes les plus meurtriers est la révolte des Mau Mau, dont la répression par le pouvoir colonial britannique a fait plus de 10 000 morts entre 1952 et 1960. Trente-deux colons avaient également été tués.
De nombreuses organisations kényanes d’anciens combattants et de défense des droits humains attendaient davantage de la part des autorités britanniques, qui ont pour l’instant simplement exprimé en 2013 des « regrets sincères » pour les violences coloniales au Kenya. L’ONG Commission kényane des droits humains (KHRC) avait appelé dimanche le roi à « présenter des excuses publiques inconditionnelles et sans équivoque » pour les atrocités commises « pendant toute la période coloniale » (1895-1963).
La KHRC a également demandé des réparations. En 2013, après des années de procédure, Londres avait accepté de dédommager plus de 5 000 Kényans victimes d’abus pendant l’insurrection Maux Maux. Après déduction des frais de justice, chacun avait reçu environ 2 600 livres (3 000 euros).