La déclaration de la sortie de la CEDEAO “avec effet immédiat” a secoué tous les secteurs nationaux. Après des moments d’euphorie pour certains et de scepticisme pour d’autres, l’heure est aux grandes manœuvres pour envisager un meilleur avenir, notamment en termes de dispositions à prendre pour s’adapter à la nouvelle donne qui va surement bouleverser des habitudes acquises, depuis la naissance pour la majorité de la population. De grands chantiers à ouvrir pour relever de grands défis.
Une chose reste évidente : la surprise générale à l’annonce de cette décision prise par les trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Un vieil opérateur économique de nous confier à cet effet : “C’est pire que la dévaluation du FCFA. On sent l’impréparation généralisée. Le Mali se transforme en un vaste chantier où tout est à refaire au vu des nouvelles règles car les dispositions de la CEDEAO régissaient le fonctionnement des affaires dans beaucoup de secteurs d’activités”. Ses préoccupations recoupent celles du secteur privé national. En effet, lors de la concertation initiée par le Conseil national du Patronat du Mali (CNPM), le mardi 30 janvier 2024, il a été relevé que secteur privé n’a pas été consulté. C’est après la prise de cette décision de retrait de la CEDEAO, qu’elle est appelée à réfléchir pour proposer des réponses à certaines préoccupations.
Effectivement, le repas servi -même s’il n’est pas de bon goût- il faut le manger pour ne pas mourir de faim. Il reste maintenant à voir comment le digérer sans risque de tomber malade. C’est donc de grands chantiers qui s’ouvrent devant les Autorités de la Transition et c’est maintenant que cela doit commencer, si l’on est toujours dans l’esprit du retrait de la CEDEAO hic et nunc (ici et maintenant), pour coller à l’esprit du terme “avec effet immédiat” comme le préconise la déclaration lue à la même heure (13H GMT) dans les différents pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Il faut tout renégocier en matière d’accords dans le cadre d’échanges divers et surtout en matière commerciale où une série d’accords bilatéraux doivent remplacer des dispositions de la CEDEAO comme le TEC (Tarif Extérieur Commun). Il faut trouver une substitution aux accords du Transit routier inter-Etats pour faciliter les échanges avec les pays voisins, surtout avec les pays portuaires, afin de faciliter l’approvisionnement du pays ; s’engager dans des accords de libre circulation des personnes et des biens notamment pour faciliter les déplacements et le libre établissement des Maliens de l’Extérieur qui sont nombreux dans des pays voisins, membres de la CEDEAO.
Sur un autre registre, en relevant les tarifs douaniers du fait de l’obsolescence du TEC CEDEAO, il faut trouver les moyens d’accroître rapidement la production de certains produits importés qui deviendront à la fois rares et plus chers à acquérir.
Si l’un des objectifs de cette sortie de la CEDEAO est de booster la production locale et d’encourager le “Consommer malien” il faudra, en contrepartie, d’une part trouver des sources d’approvisionnement de quelques intrants à importer comme le carburant, et d’autre part, régler les questions de mobilité intérieure pour une meilleure fluidité de la circulation des personnes et des biens. Et surtout, pallier la hausse des prix des matières premières.
A cela il faut ajouter les questions des assurances puisque l’assurance CEDEAO ne sera plus en vigueur au Mali, en plus de l’augmentation des tracasseries routières pour les transporteurs. Mais la question énergétique reste le plus grand chantier des Autorités de la Transition si l’on sait que la production nationale est actuellement handicapée par les défaillances de la fourniture d’électricité, au point que les petites et moyennes entreprises qui fonctionnent au ralenti ou qui sont fermées, ne se comptent plus tellement elles font légion.
Amadou DIARRA