Épidémiologiste, le docteur Cheikh Sokhna s’est prononcé sur la détection des cas de Covid-19 sur les pèlerins en provenance de La Mecque. Dans un texte intitulé « Apprendre à vivre le virus », ce biologiste médical préconise le respect des mesures barrières en lieu et place de vouloir «vivre avec le virus », qui consiste, selon lui, à laisser le virus circuler et contaminer la population.
« Les grands rassemblements sportifs ou religieux (Jeux olympiques, pèlerinages, Magal, etc.) exposent à des risques accrus de transmission de maladies infectieuses, en particulier des infections digestives et respiratoires qu’il faut savoir détecter et prendre en charge rapidement, d’où le dispositif mis par le ministère de la Santé et de l’Action sociale en collaboration avec l’IRESSEF au retour de La Mecque des pèlerins du Sénégal.
Le contexte de ces grands rassemblements de masse dans des conditions de grande promiscuité facilite la transmission de pathogènes et l’éventuelle mondialisation de maladies transmissibles.
Des recherches épidémiologiques sur les risques sanitaires initiées bien avant la crise du Covid-19, menées sur le pèlerinage à La Mecque et le Grand Magal de Touba par mon équipe confirment l’enjeu sanitaire de ce type de rassemblement.
Ces recherches recommandent aux autorités sanitaires, une meilleure prise en charge des maladies infectieuses transmissibles en termes de diagnostic et de traitement, mais aussi de mettre en place des stratégies préventives pendant ces évènements. Le slogan « Apprendre à vivre avec le virus », il convient de le rappeler, consiste à être conscient que le danger (le virus), l’ennemi, est là, partout, qu’il faut faire attention, prendre toutes les précautions pour ne pas être contaminé et ne pas le propager. Ce qui revient donc à respecter les mesures barrières, le port du masque, etc.
Cette attitude est fort différente et de loin préférable à celle adoptée par certains, à savoir vouloir «vivre avec le virus », qui consiste à laisser le virus circuler et contaminer la population.
Le retour des pèlerins de La Mecque, en contexte de Covid-19, devra, dans la mesure du possible, intégrer cet important paradigme, afin d’éviter une propagation de la maladie. La caractérisation de la population des pèlerins au plan démographique, vaccinal et des pathologies chroniques pour mieux suivre les personnes à risque, le renforcement des tests de diagnostic et particulièrement les tests rapides au niveau des structures de santé sont des mesures essentielles pour prévenir et réduire autant que possible la propagation de l’infection.
En attendant de trouver les variants mis en cause chez nos pèlerins, ceux qui sont responsables des rebonds dans le monde ne provoquent pas de formes plus sévères de la maladie. Le coronavirus se propage à travers des postillons de salive, de toux ou d’éternuements, autrement dit par contacts rapprochés avec des personnes infectées.
C’est pourquoi il est déconseillé de faire la chaleureuse poignée de main et les accolades ou embrassades habituelles. »
Cheikh SOKH??
Directeur de Recherche Biologiste médical, Épidémiologiste