Le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta est en passe de réaliser une prouesse politico-institutionnelle en dotant le Mali d’une nouvelle Constitution. Sauf qu’il aurait voulu que ce succès ne soit œuvre d’un ralliement envahissant des forces politiques hier hostiles à son pouvoir.
Pour une certaine fierté à l’égard du jeu démocratique, l’initiateur du projet référendaire veut jauger sa popularité à l’aune du score qui sortira des urnes le 18 juin prochain. Mais, il semble que les ralliements deviennent plutôt encombrants.
En effet, le processus référendaire avait, à son début, été fortement critiqué par plusieurs états-majors politiques et même par des associations. Car, il était reproché au chef de l’Etat l’absence de légitimité et de légalité suffisantes pour opérer un changement de Constitution ; surtout lorsque le contexte malien est déjà marqué par les échecs successifs de simples révisions constitutionnelles par des présidents démocratiquement élus. Et le raccourci consistait à affirmer que là où les présidents Alpha Oumar Konaré, ATT et IBK ont échoué à opérer justes des retouches à la Loi fondamentale de 1992, ce n’est pas le chef putschiste de 2020 et 2021 qui pourra réussir le pari d’ouvrir une IV ème République au Mali avec une nouvelle loi fondamentale !
Mais, avec le temps et une volonté plus fédérative et plus élargie dans la commission de rédaction puis de finalisation du texte, les ardeurs oppositionnelles semblent émoussées. Ce qui a fait que de nombreux partis politiques, qui avaient appelé à l’abandon pur et simple du processus référendaire, ont fini par « se mobiliser pour un vote massif du oui » lors du scrutin du 18 juin prochain. C’est le cas de l’ADEMA-PASJ, du PS Yelen Kuran de l’ADP-Maliba, du RPM, du parti Convergence 2023, etc. Tous ces partis rivalisent d’ardeur depuis plusieurs semaines pour faire triompher le vote positif en faveur de la nouvelle Constitution. A ces ralliements massifs s’ajoutent les soutiens traditionnels du pouvoir de transition, qui n’entendent pas se laisser ravir la vedette dans la campagne pour cette consultation référendaire. C’est au point que le chef de l’Etat se trouve quasiment débordé par ces nouveaux soutiens non désintéressés, qui ont visiblement changé de discours et de positionnements. A quelle fin ? Pour un renvoi d’ascenseur dans la redistribution des cartes, dans la perspective des prochaines élections ?
Ce qui est sûr, c’est que le président de la Transition, qui ne doute pas de sa popularité, se retrouve dans la situation de devoir remporter une future victoire à la Pyrrhus. Il s’agit de voir le oui l’emporter massivement et de se voir des acteurs politiques lui disputer la paternité de cette victoire. Comme pour dire « sans nos soutiens, ce succès n’aurait pas été possible » !
Faut-il signaler que le vote positif au référendum pourrait aiguiser l’appétit du chef de la Transition à se lancer dans la course pour la présidence de la République. Que sera alors le sort de ces nombreux alliés devenus véritablement encombrants ? Le Mali ne serait-il pas à nouveau dans le schéma d’un consensualisme ambiant à la sauce ATT ? Wait and see !
Boubou SIDIBE/maliweb.net