Après dix ans d’exil en Afrique du Sud, Joseph Mukungubila est rentré en RDC dimanche. Homme politique et pasteur, critique acerbe du régime de l’ancien président Joseph Kabila (2001-2019), ce candidat malheureux à présidentielle de 2006 s’était exilé à Johannesburg après sa condamnation à mort en 2015 pour des attaques de 2013 dans ce que les autorités avaient qualifié de « tentative de coup d’État ». Plusieurs centaines de personnes, dont ses adeptes avaient été tuées. Aujourd’hui, selon les autorités, il faut tourner la page de cet épisode.
Coiffé d’une toque de chef traditionnel, Joseph Mukungubila est descendu d’avion vêtu d’un costume bleu et sans cravate. S’il est rentré, c’est grâce à un homme, le président Félix Tshisekedi, mais Joseph Mukungubila considère la suspension de sa condamnation et celle de ses adeptes en octobre dernier comme une réparation d’une injustice.
En 2013, ses adeptes avaient mené avec de piètres moyens des attaques synchronisées dans plusieurs villes jusqu’à s’emparer des sites stratégiques à Kinshasa. « On n’a pas été graciés, mais le chef de l’État a compris qu’on a menti. C’était une erreur, l’État congolais s’est excusé de m’avoir condamné pour ce qui n’était pas réel. Je suis là pour servir le pays, je ne vais pas lâcher prise. »
Le prédicateur assure avoir tourné la page. « J’ai pardonné à tous ceux qui m’ont persécuté, que ce soit en politique ou dans le sacerdoce », dit-il.
Il est revenu à Kinshasa avec l’une de ses épouses, l’autre et ses enfants, selon son entourage, sont restés en Afrique du Sud, « victimes des tracasseries administratives ». Sa résidence à Johannesburg avait été attaquée en avril dernier.
Le pasteur a encore des batailles à mener. D’après son entourage, ses comptes bancaires restent gelés en Afrique du Sud et il doit récupérer ses propriétés immobilières occupées par les forces de sécurité dans plusieurs villes congolaises.