Malgré la présence des structures pour lutter contre la corruption, le Malien reste égal à lui-même: celui d’un croqueur de l’argent public. Les rapports 2022 du Bureau du Vérificateur général (BVG), de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) laissent perplexe plus d’un. Une véritable saignée de notre Trésor public: 700 milliards de F CFA, 23 milliards 855 millions de FCFA siphonnés. Ils ont été remis au chef de l’État, le colonel Assimi Goïta, à Koulouba, en l’espace de deux (02) semaines. Tous les regards sont maintenant tournés vers le président de la transition. Révèlera- t- il le défi sur cet autre front ?
Placé sous le signe de la refondation, le Mali Kura est plus que jamais miné par une corruption silencieuse dont les concepteurs de ce slogan somnolant sont les plus touchés par cette gabegie. Les rapports 2022 du Bureau du Vérificateur général (BVG) et de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) donnent des larmes aux yeux. Des femmes et des hommes, censés tournés la page de plus de trente ans de prédation, de ponction, de clientélisme, sont mouillés. La période 2020, 2021 et 2022 des deux (02) rapports les incrimine. Elle couvre l’arrivée des militaires au pouvoir (août 2020) et la nomination en 2021 de Choguel Kokalla Maïga comme Premier ministre, l’homme qui a mis au cœur de son dispositif de discours populistes et propagandistes, le slogan «Mali Kura».
Arrivés au pouvoir en août 2020 pour assainir la situation politico- économique du pays, malminé par une mauvaise gouvernance instaurée en système de gestion durant plus de trois décennies par une cohorte d’apatrides agissant au nom d’une démocratie importée et jeter les bases d’un véritable décollage économique, les militaires et leurs complices civils se sont bien «sucrés». À l’instar des démocrates prédateurs, ils ont eux aussi croqué des milliards, sortis des caisses de l’État pour satisfaire les besoins fondamentaux des Maliens, comme si le Mali Kura est tombé dans les oubliettes. Cet énorme gâchis contre le peuple malien était inimaginable sous cette transition, dont l’un des slogans phares était la restauration de l’honneur et de la dignité des Maliens. Ensuite, les déclarations fracassantes et de dénonciations des cas de corruption et de détournements de deniers publics durant le règne de des démocrates donnaient l’assurance au peuple malien que le Premier ministre Maïga était l’homme de la situation pour lutter efficacement contre la corruption et la délinquance financière.
Mais voilà. Ces deux (02) rapports bafouent de nouveau l’honneur et la dignité des Maliens qui sont surpris de la saignée de notre Trésor public. Dans le rapport 2022 du BVG, 700 milliards de F CFA ont été siphonnés par certains de nos compatriotes pour leur propre compte. Quant à celui de l’OCLEI, nous vous invitons à lire: «Au titre de la contribution à la répression, de 2019 à 2022, l’OCLEI a transmis à la justice 23 dossiers pour 23 milliards 855 millions de FCFA, soit en moyenne plus d’un milliard de francs CFA par dossier.
Dans ces dossiers, les enquêtes de l’OCLEI ont identifié 503 biens immobiliers présumés illicitement acquis, à savoir : 124 maisons d’habitation, 29 bâtiments commerciaux ou professionnels, 285 parcelles et 65 concessions rurales totalisant 181 hectares.
Le montant total des fonds, présumés illicites identifiés sur les comptes bancaires des 23 personnes, s’élève à 21 milliards 335 millions de francs CFA alors que, dans la même période, leurs revenus légitimes s’élèvent à 1 milliard 106 millions de F CFA.
Les personnes concernées proviennent de différentes couches socioprofessionnelles: gouvernement, élus, administration générale, administrations financières, justice, armée, affaires étrangères, établissements publics, etc.».
Ils mettent à nu l’incapacité d’un gouvernement à lutter contre les nouveaux prédateurs qui brandissent les banderoles sur lesquelles on peut lire: ‘‘Souveraineté retrouvée’’, ‘‘Retour à nos valeurs’’, ‘‘Restauration de l’honneur et de la dignité du peuple malien’’. Nous pensons que ceux qui s’adonnent à de tels crimes ne sauraient incarnés le Mali Kura.
Ce crime commis par les porteurs du slogan «Mali Kura» contre le peuple malien restera-t-il impuni ? La balle est dans le camp du colonel Assimi Goïta, président de la transition malienne. Il est impératif pour qu’il relève ce défi pour redonner son blason sur ce front dont il a promis au peuple qu’il ne protégera personne. Trop, c’est trop. Le peuple malien est toujours victime de ses propres fils. Il est temps d’arrêter cette saignée de trop pour fonder un autre Mali pour le bien de nous tous.
Yoro SOW