La Commission électorale est d’autant plus à blâmer qu’elle s’était dit prête à relever le défi logistique de l’organisation
La RDC d’achemine vers un remake de 2018 où les élections lourdement entachées d’irrégularités avaient donné lieu à des scènes de violences après que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait déclaré vainqueur l’actuel président Félix Tshisékedi dont personne ne vendait cher la peau. La situation est d’autant plus explosive et préoccupante que bien des chancelleries, en l’occurrence celles de l’Allemagne, la Belgique, la France et le Royaume-Uni, appellent les acteurs politiques à la retenue, tout en les invitant à faire valoir leurs contestations de manière pacifique conformément aux lois et à la Constitution du pays. Seront-elles entendues ? Rien n’est moins sûr, et ce, au regard des attentions que polarisent ces élections dans ce pays-continent où la violence a pignon sur rue. En tout cas, tous les ingrédients d’une crise post-électorale sont réunis tant et si bien que tout le monde retient son souffle. Et ce serait par la faute de la CENI qui n’a pas su travailler à rassurer les candidats de l’opposition qui, l’accusant de rouler pour le parti au pouvoir, avait déjà manifesté pour exiger le départ de son président Dénis Kadima. La Commission électorale est d’autant plus à blâmer qu’elle s’était dit prête à relever le défi logistique de l’organisation, et ce, jusqu’à la veille du scrutin là où bien des observateurs voyaient se profiler le chaos. Certes, l’idéal voudrait qu’en cas de contestations, les uns et les autres usent des voies de recours légales pour se faire entendre. Mais comment le faire dans un pays où les institutions sont aux ordres du prince régnant dont les desiderata valent lois ? On se rappelle encore la polémique consécutive au renouvellement des membres de la Cour constitutionelle, qui traduisait toute la volonté de Félix Tshisékedi de se succéder à lui-même. Car, plutôt que de mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, il a préféré mettre l’homme qu’il veut à la place qu’il veut.
Il faut éviter la surenchère sous toutes ses formes et ne privilégier que l’intérêt supérieur de la nation
Ainsi va la vie en Afrique où, arrivés au pouvoir, bien des chefs d’Etat semblent plus préoccupés par la conservation de leur fauteuil que par le sort de ceux qui les ont élus. Cela dit, on comprend pourquoi l’opposition congolaise refuse de se laisser conter fleurette, en prenant les devants pour mettre la pression sur Félix Tshisékedi dont le sommeil, on le sait, paraît, pour le moins trouble, depuis la validation de la candidature de Moïse Katumbi. D’où la nécessité pour la communauté internationale de voler le plus rapidement possible au secours de la RDC. Car, si à la crise sécuritaire que vit le pays, devrait s’ajouter une crise politique, c’en serait un véritable chaos. Mais en attendant, on ne peut qu’appeler les uns et les autres à plus de responsabilités. Il faut éviter la surenchère sous toutes ses formes et ne privilégier que l’intérêt supérieur de la nation. Certes, les candidats qui ruent dans les brancards sont dans leur bon droit. Mais en le faisant avant même que ne soient proclamés les résultats provisoires, ne donnent-ils pas l’impression de préparer les esprits à leur défaite ? En tout cas, certains ont vite franchi le pas en parlant de gesticulations de mauvais perdants.
« Le Pays »