Le dictionnaire Larousse définit le feu de brousse comme un incendie dans la végétation sèche de la brousse africaine. À cette définition, nous pouvons aussi considérer le feu de brousse comme un incendie volontaire ou involontaire provoqué par nos mauvais comportements à l’égard de notre environnement.
Cette mauvaise pratique tue à petit feu nos végétations sous le regard impuissant des populations. Combien d’hectares de forêt sont ravagés par an ? Combien de végétations endommagées par ces feux de brousse ? Chaque 50 ans, le Mali perd d’importantes quantités de terre.
La végétation nous permet de lutter efficacement contre le changement climatique. Cependant, si rien n’est fait, ce sont des millions de végétation qui partiront en fumée chaque année.
L’Etat dans toute sa politique est incapable d’engager une lutte implacable contre les feux de brousse. À qui profite cette pratique malsaine ? Qui est derrière ce jeu ?
Voilà quelques interrogations que nous sommes en droit de nous interroger et qui méritent des réponses.
Elles méritent des réponses car c’est la vie de plusieurs populations qui est en danger. Pour preuve, la forêt devant servir de lieu de pâturage pour les animaux est complètement ravagée par les flammes du pré jusqu’aux grands arbres.
Que reste-t-il à nos bovins, caprins et bétail qui nous nourrissent ?
Bien que les autorités maliennes aient fait des efforts pour contrecarrer cette mauvaise pratique, il faut aussi reconnaître que ces mesures demeurent insuffisantes. Toutefois, l’administration des eaux et forêts continue de lutter contre ce phénomène.
Qui brûle nos forêts ?
Il est difficile d’apporter une réponse précise à cette interrogation. Car, selon plusieurs témoignages, de nombreux feux de brousses sont volontairement ou involontairement causés par ceux qui s’adonnent particulièrement à des activités charbonnières, d’apiculture, de chasse ainsi que les fumeurs. En réalité, certains de ces incendies sont volontairement provoqués.
Généralement, les feux de brousse se manifestent de novembre à mi-mars, période correspondant à l’hiver qui marque le début de la saison sèche.
Une période où le vent de l’harmattan favorise la propagation rapide du feu. Les feux de brousse sont de véritables menaces pour la faune.
L’État doit y mettre du sien pour stopper cette pratique qui ne profite à personne.
Car, sans brousse, pas de végétation, pas d’animaux et le risque de sécheresse reste très élevé. Les feux détruisent les éléments nutritifs pour le sol et augmenter sa richesse végétale. À cause de ce phénomène, certaines terres au village ne sont plus utilisables ou arables. Pour savoir davantage sur les feux de brousse, nous avons rapproché M. Mamoutou Togola, un grand paysan dans la région de Bougouni. Selon lui, l’État doit brandir des bâtons de sanctions sévères.《Nous avons dû laisser une partie de nos terres à cause des incendies alors qu’elle était la partie la plus utilisée par nos parents depuis des siècles 》, a-t-il regretté. Et d’enfoncer le clou : 《 Ni la végétation, ni la fertilité de cette partie ne sont plus comme avant, elle est devenue comme une savane 》. Il a estimé qu’en plus des efforts des autorités locales de ladite zone, l’État doit renforcer sa politique de protection de l’environnement.
Quant à M. Amadou Doumbia, un agent de forêt, les feux de brousse sont à l’origine de la destruction des forêts secondaires voire primaires. Ils constituent un risque majeur pour la végétation et une contrainte environnementale. Aussi, ajoute-t-il, ce fléau est un grand risque pas pour la zone concernée, mais aussi pour l’État car le développement commun est menacé.
En outre, Boubou Sidibé, paysan-éleveur soutient que les feux non contrôlés sont responsables de la destruction des produits agricoles stockés au champ ou tardivement récoltés, de la mort d’animaux piégés et même des pertes en vies humaines.
《Je ne peux dire qu’il a eu une perte en vie humaine dans ma famille à cause du feu de brousse, mais d’une manière ou d’une autre, oui. Car, nous avons passé une année où l’on trouvait difficilement à manger à cause de cette pratique 》, indique ce paysan-éleveur.
《Nous sommes au village mais aussi dans le hameau, un petit coin un peu écarté du village, pour pouvoir faire la culture et bien gérer les animaux. Ce qui semble être un peu difficile en ville. Chaque année, avant que les récoltes ne finissent, nous gardons nos récoltes et autres au champ et les animaux dans la brousse. Il y a eu un feu de brousse une nuit et il a envahi tous ceux que nous possédions 》, a expliqué M. Boubou Sidibé avec les yeux larmoyants.
Enfin, il faut reconnaître que la lutte inlassable contre le feu de brousse doit être au cœur de la politique des plus hautes autorités quoique d’important progrès aient été enregistré par l’État. Beaucoup reste encore à faire pour stopper les feux de brousse au Mali. Le chemin s’avère long mais non marchable.
Stop 《 feu de brousse 》 !
YOUBA DOUMBIA