La sortie controversée du Premier de la Transition sur le bilan du président Konaré continue de faire des vagues et devrait sans doute raviver les bourdonnements dans la Ruche où des tendances hostiles à la Transition redonnent de la voix.
Depuis les propos tonitruants de Choguel Maiga, en effet, les réactions se succèdent et les condamnations le disputent à la déferlante d’arguments de toutes parts pour voler au secours des acquis du premier président démocratiquement élu au Mali. Son bilan se confond notamment avec celui de l’Adema-PASJ, son parti, qui est monté au créneau pour dénoncer le jeu trouble du Premier ministre, à coups de jugements négatifs sur sa dignité à la fonction qu’il occupe. De nombreux autres témoins des réalisations de la première décennie de l’ère démocratique, probablement par acquit de conscience, se sont portés volontaires pour apporter leur contribution au débat par moult exemples concrets qui démantèlent la tentative du PM d’annihiler le bilan du successeur de son mentor GMT. Comme par instinct de survie, la sortie de Choguel Maiga a manifestement aiguillonné les réflexes et inspiré à tous un besoin urgent de lever le bouclier contre ce qu’ils considèrent comme une manœuvre de dénaturation de l’histoire. Plusieurs camarades politiques ou compagnons de lutte de toute première heure ont jugé opportun de magnifier les acquis et valeurs qu’ils partagent avec le président Konaré. Ils se sont manifestés par une pétition qui emporte déjà l’adhésion de nombreuses figures emblématiques du Mouvement Démocratique. On y dénombre Ali Nouhou Diallo, Ahmed El Madani Diallo, Moustapha Dicko ou encore une certaine Mme Sy Kadiatou Sow très remontée contre l’actuel PM pour ses précédentes affirmations dévalorisantes de la révolution du 26 Mars.
Est-ce suffisant pour autant pour laver les flétrissures qui s’accumulent et s’amoncellent aux dépens du Mouvement démocratique, depuis l’avènement de Choguel Maiga à la Primature ? La question taraude surtout dans les rangs de l’Adema- PASJ, sa principale locomotive, où des composantes longtemps hostiles à la cohabitation avec le PM élèvent de plus en plus la voix contre la succession de couleuvres que leur parti est tenu d’avaler au nom de l’accompagnement de la Transition. Et pour cause : ils en veulent certes au chef du Gouvernement pour ses coups de boutoir et la désacralisation de leurs plus précieux symboles, mais ils s’interrogent tout autant sur la caution tacite dont il jouirait auprès d’employeurs qui n’ont visiblement cure de la tonne de jugements négatifs que les autres soutiens politiques de la Transition déversent sur le compte du «clivant» PM. Cette indifférence s’est traduite, au demeurant, par une confirmation de son bail à la Primature après un long alitement et en dépit de la salve de rejets dont il est l’objet jusque dans les confins du M5. De quoi désarçonner les plus fidèles Ademistes à la Transition, qui épuisent d’événements à événements leurs arguments sur les raisons de maintenir encore leur parti dans l’escarcelle des 5 Colonels ou de croire encore en la sincérité de leur partenariat : participation stérile aux assises nationales au mépris de son appartenance au Cadre, élaboration de la nouvelle Constitution sans égard pour la classe politique et le PASJ en particulier, mise en place de l’AIGE sans considération pour les notoriétés politiques, dépolitisation du gouvernement à la faveur du dernier remaniement en lieu et place de l’inclusion politique promise, etc. À toutes ces couleuvres est sur le point de se greffer celle de la complaisance dans la compromission et le reniement identitaire, qui risque d’être la goutte d’eau de trop dans le vase des concessions que les nombreux militants rétifs ont jusqu’ici faites aux inconditionnels du cheminement avec les autorités actuelles. En définitive, le Parti de l’Abeille joue probablement son destin dans sa capacité à concilier ces deux tendances, à quelques encablures des élections générales qui sont une autre paire de manche.
A KEÏTA