En vue du rétablissement de son entière souveraineté sur l’ensemble de son territoire, l’Etat du Mali doit engager une phase de stabilisation de sa présence effective, après la récente reconquête euphorique de la région de Kidal.
La date du 14 novembre 2023 sera marquée d’une pierre blanche dans l’histoire politique du Mali moderne, car elle aura consacré le retour définitif de Kidal dans le giron national du Mali.
En effet, selon les sources officielles, c’est après des frappes aériennes et des combats au sol que les FAMA ont définitivement pris le contrôle de la ville de Kidal et ses alentours, du 11 au 14 novembre derniers.
Même s’il est rapporté que les rebelles ont résisté pendant un temps, avant de battre en retraite, il faut admettre que Kidal reconquis n’est plus la même ville. Et sa région et une partie de sa population pourraient développer des réflexes identitaires et une prédisposition à l’insurrection. Car, nul ne peut ignorer les conditions défavorables d’existence des populations de l’Adrar des Ifoghas. Combien de structures et services sociaux de base existent et sont fonctionnels dans cette région ? Quel est le niveau de chômage dans la ville de Kidal ? Quel est le niveau d’employabilité de la jeunesse kidaloise ? Bref, quel est le niveau réel de la présence de l’Etat dans cette région ?
Selon plusieurs analystes, l’irrédentisme de cette région, où toutes les rebellions ont pris naissance, doit être anéanti par un programme étatique conséquent d’investissements. Celui-ci permettra de réoccuper le vide socio-économique laissé par les pouvoirs publics.
Il s’agit de mettre sur pied un véritable plan Marshall de soutien à la renaissance de la région de Kidal. Ce programme doit relancer des services, notamment ceux liés à l’exercice de de souveraineté comme la justice, l’administration décentralisée (mairies, gouvernorats, impôts, etc).
Il est urge, en outre, que l’Etat marque son retour musclé dans cette région par l’installation d’une présence militaire de taille, à travers par exemple un camp militaire en mesure de dissuader toute velléités de soulèvement. Le président de la Transition peut même envisager des structures originales traduisant l’oreille attentive de l’Etat à cette région. Cela peut être la mise en place d’un poste de Haut Représentant du chef de l’Etat pour la région de Kidal. Ce qui sera un point focal de pacification des cœurs et des esprits, qui sera chargé du maintien d’un climat de dialogue avec les notabilités de la ville, comme l’Amenokal.
Boubou SIDIBE/maliweb.net