En conférence de presse la semaine dernière, le mouvement Tabalé propose des pistes de solutions pour relancer le processus de paix et de réconciliation entre le gouvernement et les ex-mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu des négociations d’Alger.
Le Mouvement Tabalé, faut-il le rappeler, est un observatoire de la bonne gouvernance, et plate-forme de veille citoyenne regroupant associations, faitières, syndicats, divers mouvements, hommes politiques, personnes ressources indépendantes au Mali, en Afrique et dans le monde, vise les trois (03) objectifs ci-après. Il se propose de contribuer à la réalisation d’une véritable société civile panafricaine de veille citoyenne, de créer les conditions nécessaires à l’émergence d’une nouvelle race de dirigeants pour la renaissance sociopolitique, économique et culturelle du Mali, par son accession à la 4 ème République, et pour la promotion des valeurs du « Mali Koura ».
Le mouvement ambitionne d’impacter la gouvernance mondiale, par l’accompagnement et le soutien des acteurs d’autres sociétés civiles et politiques, qui se battent pour les valeurs de paix, de justice et de solidarité en Afrique et dans le monde,
Dans la déclaration qu’il vient de rendre publique, le mouvement que dirige Fabou Kanté annonce avoir procédé à « une analyse approfondie de la problématique de la crise du Nord du Mali, dans ses aspects historique, social, économique, politique et géostratégique ». Avant de préciser qu’après avoir soumis l’Accord d’Alger, à une critique objective et transversale, qui tienne compte de ses objectifs, de ses exigences, des responsabilités des parties signataires, de l’état des lieux de son application, et des défis énormes à laquelle sa mise en œuvre est confrontée, il sied de réfléchir aux perspectives de reprise du processus de paix.
Il met l’accent sur « l’esprit essentiel de l’Accord d’Alger », qui s’inscrivait dans une logique de mise en œuvre de certaines mesures conservatoires, pour arrêter l’hémorragie du patient Mali assez mal au point ; le temps que les Maliens eux-mêmes se ressaisissent, et se retrouvent autour d’un dialogue franc et de remise en cause profonde, pour redéfinir les axes principaux de leur vivre ensemble, et de leur épanouissement collectif sans intervention extérieure,
Les responsables de ce mouvement assurent que des profondes mutations sont intervenues dans la cartographie sécuritaire du Mali en général, et dans la dynamique des mouvements et groupes armés. C’est pourquoi ils indiquent tenir compte de la volonté exprimée par le peuple malien à travers le Dialogue National Inclusif (DNI), les Assises Nationales pour la Refondations (ANRs), d’ouvrir des négociations avec Iyad Ag AghalI et Amadou Kufa, pour une paix durable dans notre pays,
Le mouvement Tabalé assure que cette démarche n’est ni prévue, ni intégrée dans le processus de l’Accord d’Alger ; la récente décision de renvoi sans délai de la MINUSMA par le Gouvernement du Mali, l’atteste et crée une situation d’affaiblissement drastique de cette mission qui est le support de l’Accord d’Alger, soit la tombée en désuétude du même accord.
Pour Sandy Touré, le porte-parole du parlement populaire du mouvement, le raidissement des rapports entre les parties prenantes de l’APR ces derniers mois, « pourrait nous conduire vers une situation d’impasse totale avec des risques élevés d’affrontements directs entre le Gouvernement et les mouvements armés ». Et de relever que nul ne sortira gagnant de cet affrontement. Au contraire, analyse-t-il, cela mettra à mal « l’équilibre social et territorial de toute la République ». Face à un tel danger, précise l’orateur, et par rapport à l’implication difficilement impartiale des acteurs exogènes, dont les efforts manquent désormais d’innovations et de souplesse,.le Mouvement Tabalé lance un vibrant appel au Président de la Transition, chef de l’Etat, garant de la paix et de la cohésion nationale, au Gouvernement de Transition, aux mouvements signataires de l’Accord d’Alger, à l’ensemble des groupes armés et milices sur toute l’étendue du territoire national, aux organisations de la société civile (formelles et non formelles), aux jeunes et aux femmes du Mali, aux mouvements et partis politiques, aux leaders religieux et aux légitimités traditionnelles, aux Maliens établis à l’extérieur et aux amis sincères du Mali, « à sonner la mobilisation générale autour de cette initiative portée par le Mouvement Tabalé ».
Cette initiative constitue, à le croire, à la signature d’un accord inter-maliens, qui sera discuté au Mali, par les Maliens, pour les Maliens, sans aucune intervention extérieure, dans le strict respect de la souveraineté du Mali. Ce nouvel accord sera, explique-t-il, dénommé : Accord National pour la Paix et le Développement du Mali (ANPDM), dont l’application intégrale sera garantie par le peuple malien. Il remplacera l’accord d’Alger, et permettra de résoudre d’une part, la crise du nord du Mali de façon pacifique et définitive, et d’autre part, l’équation Paix- Sécurité-Réconciliation-Développement dans notre pays.
Par ailleurs, le Mouvement Tabalé invite toutes les parties, les amis sincères du Mali, à participer et à contribuer au processus de signature de l’ANPDM, selon un calendrier bien défini. Celui-ci passera par l’élaboration, la validation des termes de référence du document vers fin juillet, jusqu’aux missions de présentation de cet accord, passant par sa signature après validation, vers décembre 2023. Le processus se poursuivra par le début de l’application de cet ANPDM à compter de mars 2024.
Lamine BAGAYOGO