En partenariat avec West African Sanitation Policy & Activators (WASPA), le Groupe de Recherche en Economie Appliquée et Théorique (GREAT) a mené une étude sur l’« Évaluation des politiques d’assainissement au Mali ». L’objectif de l’étude était d’apporter un éclairage sur les problèmes d’assainissement actuels et de cerner les lacunes à combler par de nouvelles politiques.
Au Mali, des enquêtes notamment l’Enquête Démographique sur la Santé (EDS 2018), estiment que seulement 33% des ménages disposent de toilettes améliorées et non partagées avec d’autres ménages. Selon les mêmes sources, la quantité des eaux usées traitées sans danger est passée de 310 000 m3 en 2015 à 1,01 millions de m3 en 2019. Pis, alors que les besoins augmentent, le budget national alloué au départ de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable décroît. Il est passé de 2022 à 2023 de 23,8 milliards FCFA à 23,3 milliards FCFA. Des chiffres en deçà des attentes pour le pays qui s’est engagé dans le cadre de l’ODD 6 à « garantir à tous l’accès à l’eau potable et à l’assainissement » à l’horizon 2030.
Face à l’urgence dans le sous-secteur, une évaluation des politiques d’assainissement au Mali a été faite à l’initiative de l’organisation West African Sanitation Policy & Activators. L’évaluation a été faite sur la base de plusieurs données notamment des données recueillies auprès des ménages et auprès des principales parties prenantes de la mise en œuvre des politiques. Aussi, l’enquête a permis d’identifier l’ensemble des documents de planification, des lois et règlements encadrant la gestion de l’assainissement au Mali. Ces documents sont autres : la Politique nationale d’assainissement ; le Plan décennal de développement sanitaire et social (PDDSS) (2014–2023) ; la Loi n° 2021-032 du 24 mai 2021 relative aux pollutions et aux nuisances.
Les dépôts de transit transformés en dépôts finaux
L’évaluation des politiques menées sur la base des ASPG (African Sanitation Policy Guidelines) pointe du doigt d’énormes insuffisances dans le secteur de l’assainissement au Mali. Il ressort de l’étude que la gestion des déchets solides se fait à deux niveaux : la collecte primaire ou pré-collecte est assurée par les GIE qui à l’aide de camions, de charrettes à traction asine, ramassent les ordures aux portes des concessions pour les déposer dans des dépôts de transit. La collecte secondaire est assurée par la Direction des services urbains de voirie et assainissement (DSUVA) qui assure le transport des déchets des dépôts de transit vers la décharge finale. « Faute de décharge finale fonctionnelle », la DSUVA ne fait pas ce travail. Les dépôts de transit sont donc transformés en dépôts finaux.
A l’analyse du cadre juridique et institutionnel de l’assainissement au Mali, l’enquête conclut à des textes « non effectifs ». Aussi, elle indique que le « rôle que chacun des acteurs devrait jouer est faible voire inexistant ». Cela s’explique en grande partie, selon l’enquête, par l’absence de dispositif de pilotage pour fédérer les principales parties prenantes du sous-secteur avec des missions spécifiées. Un problème qui affecte la planification des actions, la mobilisation des ressources financières et le dialogue avec les partenaires techniques et financiers.
Mamadou TOGOLA/maliweb.net