Vingt candidats, c’est quatre fois plus que lors de la présidentielle de 2019. Un record dans l’histoire politique du pays. Faut-il y voir, comme l’affirme Ismaïla Madior Fall, une preuve de la « vitalité démocratique » ? Les partisans des candidats dont le dossier a été écarté, au premier rang desquels Ousmane Sonko et Karim Wade, ne partageront sans doute pas cette analyse.
Alors que la campagne présidentielle démarre officiellement le 4 février, la publication par le Conseil constitutionnel, dans la nuit du 20 au 21 janvier, de la liste des candidats autorisés à y participer a marqué le coup d’envoi de la course à la succession de Macky Sall. Alors que les états-majors des compétiteurs sont à pied d’œuvre pour peaufiner les derniers détails de la stratégie électorale qu’ils comptent déployer, Jeune Afrique vous propose un tour d’horizon, en vidéo, des principaux candidats en lice.
Un dauphin et trois dissidents
Amadou Ba, que beaucoup présentent comme le favori, est le « dauphin » désigné par Macky Sall pour porter les couleurs de la coalition Benno Bokk Yakaar. Mais ce choix est loin de faire l’unanimité au sein du camp du président sortant.
L’ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne a décidé de faire cavalier seul. Tout comme son ancien ministre, Aly Ngouille Ndiaye, et Mame Boye Diao, ancien directeur de la Caisse des dépôts et consignations. Un poste où il avait été nommé par Macky Sall en février 2023 et dont il a été limogé après l’annonce de sa candidature.
Nul doute que Macky Sall, qui a longtemps maintenu le suspense autour de son éventuelle candidature à un troisième mandat en arguant de la nécessité de calmer les ambitions dans son propre camp, voit dans ces candidatures dissidentes une confirmation a posteriori de la validité de sa stratégie.
Un vétéran et un « rescapé »
Idrissa Seck, ancien ministre d’Abdoulaye Wade, qui fut ensuite tour à tour opposant et allié de Macky Sall, fait sans conteste figure de « vétéran ». Le patron du parti Rewmi, dont les équipes s’activent actuellement pour tenter de rallier les partisans au sein de l’ancienne équipe gouvernementale, en est à sa quatrième tentative.
Khalifa Sall, lui, fera sa première campagne présidentielle. L’ancien maire de Dakar – élu député en 2017 après avoir fait campagne depuis sa cellule de prison – avait en effet tenté de se présenter lors de la présidentielle de 2019, mais sa candidature avait été invalidée par le Conseil constitutionnel en raison de sa condamnation à cinq ans de prison ferme pour « escroquerie portant sur les deniers publics ». Il avait alors apporté son soutien à Idrissa Seck. Gracié par Macky Sall en 2019, il a retrouvé ses droits civiques. C’est en « rescapé » qu’il fait son retour sur la scène politique sénégalaise.
Quelle « doublure » pour Sonko ?
Bien que sa candidature ait été rejetée par le Conseil constitutionnel, Ousmane Sonko pèsera dans la campagne. Le maire de Ziguinchor, en Casamance, dispose de plusieurs alliés parmi les 20 candidats autorisés à se présenter. La candidature de Bassirou Diomaye Faye, numéro 2 de l’ex-Pastef – les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, la formation de Sonko –, a, elle, été validée, bien qu’il se trouve, lui aussi, derrière les barreaux. Il est poursuivi pour « atteinte à la sureté de l’État » et « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste ». Les mêmes charges que son mentor.Cheikh Tidiane Dieye et Habib Sy, également en lice pour ce scrutin, comptent aussi parmi les alliés de Sonko. Et il se pourrait que les deux hommes décident de s’effacer pour faire campagne, par procuration, pour Bassirou Diomaye Faye.