Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Ousmane Sonko a finalement désigné Bassirou Diomaye Faye comme son remplaçant à la présidentielle du 25 février prochain. En effet, l’opposant sénégalais n’avait pas d’autre choix que d’entériner la candidature de son fidèle compagnon s’il tenait à la participation de son groupe politique à la compétition électorale qui désignera le successeur de Macky Sall. En fait, celui qui passait pour être le candidat naturel du Pastef aujourd’hui dissous, a été disqualifié pour avoir été condamné à six mois de prison avec sursis pour diffamation. « Cette condamnation le rend inéligible pour une période de cinq ans », avait d’ailleurs déclaré le Conseil constitutionnel qui a validé la candidature de Bassirou Diomaye Faye, le plan B du camp Sonko. Au regard de l’évolution de sa situation personnelle, il ne restait au « PROS » (Président Ousmane Sonko, ndlr) que d’apporter son soutien plein et entier, à son numéro deux pour tenter de décrocher le saint « graal ».
Cela dit, alors que la date du 25 février approche à grands pas, l’on peut s’interroger sur les chances de Bassirou Diomaye Faye de se frayer un chemin pour se rendre au Palais de la République. Au sein de l’ex-Pastef, le discours officiel tend à faire croire que Diomaye Faye est « calibré » pour porter le projet de sa famille politique et qu’il est capable de remporter la présidentielle. Mais la question a toute sa raison d’être, quand on sait que la route menant au fauteuil présidentiel, est jonchée d’épines et d’obstacles, pour le candidat désigné de Sonko.
D’abord, le poulain du maire de Ziguinchor est derrière les barreaux et va devoir battre campagne depuis sa cellule. Privé ainsi de sa liberté, il n’aura pas la possibilité de battre campagne au même titre que les autres.
Il ne pourra donc compter que sur la mobilisation et le travail des leaders et militants de l’ex-Pastef. Et cela, sous le « télé » leadership d’un Sonko diminué et fragilisé par des ennuis judiciaires.
Ensuite, Diomaye Faye aura face à lui, 19 autres candidats dont l’actuel Premier ministre Amadou Bâ désigné par le président sortant pour défendre les couleurs de la coalition au pouvoir. A la lumière de ce qui est arrivé à « PROS », le candidat de l’ex-Pastef doit savoir qu’aucun cadeau ne lui sera fait. En tout cas, pas de la part du camp Macky Sall.
Enfin, fer de lance de la lutte anti-troisième mandat de Macky Sall, Ousmane Sonko et sa famille politique avaient et ont toujours, peut-être, la chance de rallier l’essentiel de l’opposition sénégalaise autour de leur candidat et leur projet politique. Mais aujourd’hui, le constat est que l’appel à l’unité de cette opposition reste jusque-là un vœu pieux. Faut-il pour autant enterrer le candidat Bassirou Diomaye Faye ? Assurément non ! Car, le domaine politique est, par excellence, celui de tous les possibles. On l’a vu ailleurs, les couleurs de la prison de Rebeuss peuvent conduire au Palais de la République. En ce sens que la situation carcérale du candidat Diomaye Faye, et les démêlés judiciaires de Sonko, peuvent être des facteurs de mobilisation de la grande majorité des Sénégalais en faveur de l’opposition.