À New York, malgré la domination démocrate depuis 1988, les soutiens de Trump espèrent un basculement, bien que les chiffres penchent toujours en faveur des démocrates. Pendant ce temps, au Texas, l’afflux de Californiens suscite des inquiétudes des républicains, à la tête de l’État depuis près de 50 ans.
L’État de New York pourrait avoir un rôle plus important à ces élections-ci, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten. C’est un État qui a voté pour le candidat démocrate à chacune des neuf élections présidentielles depuis 1988. Pourtant, le clan MAGA (« Make America Great Again ») de Donald Trump affirme avoir gagné du terrain et rêve de « remporter » Big Apple. C’est aussi pour cela que le candidat républicain a organisé son dernier grand meeting de campagne à New York, sa ville, après tout.
Steven, un Afro-Américain de 24 ans du quartier plutôt modeste du Bronx, s’apprête à voter à nouveau pour Donald Trump. Et il en est convaincu : son favori pourrait gagner.
« Les prix de la nourriture ont augmenté, le prix de l’essence a augmenté, le coût de la vie quotidienne a considérablement augmenté. Et ce n’est pas confortable, surtout à New York, où les choses sont déjà chères. Vous réalisez que vous étiez à l’aise sous l’ère Trump, mais pas avec Kamala », explique Steven. Voit-il plus de monde voter pour Donald Trump qu’il y a huit ans ? « Bien, bien plus, ouais. Une augmentation drastique », assure-t-il.
Pourtant, les chiffres restent en faveur de Kamala Harris. Elle perdrait 2,5 points par rapport au résultat effectué par Joe Biden il y a 4 ans, mais la tendance du 60-40 reste similaire aux neuf dernières élections.
En revanche, le réel enjeu, c’est le contrôle de la Chambre des représentants. Il sera décidé ici, sur la base du résultat d’une demi-douzaine de circonscriptions compétitives. Les démocrates ont reproché à New York d’avoir perdu le contrôle de la Chambre en 2022, lorsqu’un certain nombre de districts sont passés du bleu au rouge. Des face-à-face plus musclés sont donc en perspective.
Le Texas, une nouvelle Californie ?
C’est l’une des craintes du Parti républicain : que le Texas, un État historiquement rouge et aux mains des républicains depuis 1976, devienne la nouvelle Californie, un État historiquement bleu, car le Texas est en effet la destination préférée des migrants californiens, relate notre correspondant à San Antonio, Théo Quintard.
Près de 520 000 personnes inscrites sur les listes électorales en Californie ont déménagé au Texas entre 2004 et 2020, selon une récente étude des universités de Maryland et d’Austin.
Et si l’attrait pour le Texas est surtout bien financier, beaucoup finissent par déchanter, comme l’explique Christy Woodard, professeure de sciences politiques au San Antonio College. « Certains d’entre eux pensent qu’ils vont économiser beaucoup d’argent en s’installant au Texas. Il ne leur faut pas longtemps avant de comprendre que même s’ils ne paient pas d’impôt sur le revenu ici, ils finissent par payer beaucoup plus d’impôt foncier », dit Christy Woodard
Pour Christy Woodard, le Texas ne va pas changer de couleur. Du moins, pas tout de suite. « Ils aiment nous montrer en rouge. Mais c’est uniquement à cause du collège électoral où le vainqueur remporte tout l’État. Le Texas est déjà violet. Nous allons devenir bleus, mais cela est basé sur la croissance de la population latino-américaine ici et le taux de fertilité », analyse-t-elle.
Selon des démographes texans, d’ici à 2050, jusqu’à 20 millions de personnes auront choisi d’aller s’installer au Texas, une grande partie venant de Californie.