La transition est sûrement en train de mesurer l’erreur qui a consisté à négliger la presse nationale dans les efforts de construction du pays. Au moment où les questions géopolitiques sont au centre des préoccupations, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale, fait un clin d’œil aux médias.
A Ouagadougou dans la capitale du Burkina Faso, il a plaidé pour l’implication des médias dans la concrétisation des idéaux de l’Alliance des Etats du Sahel. Mais la presse malienne est sevrée de toute aide publique depuis l’avènement de la transition.
Si l’AES décide de faire recours à la presse nationale, c’est parce qu’elle a pris connaissance de l’important financement débloqué par d’autres pays et organisations dans le contexte des jeux d’influence géopolitique. Emmanuel Macron, le président français a débloqué plus de 3 mille milliards de franc CFA rien que pour aider à mieux implanter France média monde dans les pays africains. Pour l’instant, l’AES n’a pas fait de grands efforts dans ce sens. A Ouagadougou, les diplomates ont recommandé aux chefs d’Etat la création d’une Confédération réunissant le Burkina, le Mali et le Niger, en attendant la création d’une Fédération des trois pays.
Mais le colonel Abdoulaye Maïga a effleuré la question des médias. A l’examen des recommandations, a-t-il déclaré, s’ajoutent également quelques points dictés par les événements, notamment la nécessité d’organiser la communication de l’AES, y compris à travers la définition d’une stratégie de communication et la sélection de la charte graphique ainsi que du logo de l’AES. Dans le même registre, a-t- il continué, la coordination, la gestion de l’information et de la communication, ainsi que la mise en place de dispositifs de surveillance, de riposte et d’anticipation face aux nouveaux médias sont des éléments importants à intégrer dans la stratégie de communication.
Dans ce cadre, dit-il, nos médias publics audiovisuels, écrits et numériques ont un rôle central à jouer, d’où le renforcement envisagé de leur cadre de concertation et opérationnel pour un partage efficient de l’information et une coordination accrue en vue d’une communication stratégique. « Il y aura lieu d’accorder une attention particulière à la contribution des médias privés dans la bataille contre la désinformation, la manipulation, l’intox, dont sont victimes nos populations », a expliqué le colonel Abdoulaye Maïga.
Avant que les médias ne soient impliqués, les autorités des trois pays seront appelées à examiner le contexte politique, marqué par leur décision de se retirer, sans délai, de la Cedeao. Le Burkina, le Mali et le Niger sont aujourd’hui plus que jamais engagés à réaliser les aspirations des pères fondateurs de cette organisation qui a dévoyé les principes sur la base desquelles les trois Etats sortants ont contribué à la créer. Mais sans les médias, le travail sera difficile.
Bissidi SYMPARA